Cinquième jour de blocage à la prison de Condé-sur-Sarthe

La prison d’Alençon/Condé-sur-Sarthe (Orne), où deux surveillants ont été grièvement poignardés mardi par un détenu radicalisé, est à nouveau bloquée par des personnels dimanche, après une brève intervention de gendarmerie, a indiqué à l’AFP l’administration pénitentiaire.

Près de 130 manifestants se sont à nouveau réunis dimanche matin devant la prison dès 06H00, pour la cinquième journée consécutive, a déclaré à l’AFP Emmanuel Guimaraes, délégué FO pénitentiaire national, qui participe au blocage.

« Nous avons été rejoints par des collègues de Lille, Beauvais, Paris, Orléans, Caen, Le Mans, ainsi que par une dizaine de ‘gilets jaunes’, ça grossit un peu dans les rangs », a précisé M. Guimaraes.

« Les parloirs sont de nouveau bloqués pour la journée. Nous avons installé des pneus de tracteurs, des matelas, canapés, une bâche pour nous protéger du vent et de la pluie, et les gens nous amènent des palettes », a précisé M. Guimaraes. Les surveillants ont brûlé des palettes.

Une vidéo postée dimanche sur la page Facebook du Syndicat national FO Pénitentiaire avait recueilli 25.000 « vues » une heure plus tard et plus de 1.000 commentaires.

Une intervention de gendarmes mobiles s’est déroulée vers 10H00 pour débloquer les accès de l’établissement, afin d’assurer la relève des personnels et la logistique. Les manifestants ont ensuite repris position devant les accès.

Les surveillants réclament une remise à plat des conditions de sécurité pour mieux prendre en compte l’arrivée de détenus radicalisés, la mise en place d’une fouille des visiteurs, ainsi que de meilleures conditions de salaire à l’embauche pour recruter plus de personnels.

Une rencontre est prévue lundi à Paris entre la direction de l’administration pénitentiaire et les représentants des organisations syndicales représentatives, puis jeudi avec la garde des Sceaux, Nicole Belloubet. Les manifestants attendent également la venue ce dimanche de la directrice interrégionale des services pénitentiaires de Rennes.

Mardi, après l’agression le matin de deux surveillants avec des couteaux en céramique, Michaël Chiolo, 27 ans, qui purgeait une peine de trente ans et s’est radicalisé en prison, s’était retranché avec sa compagne pendant près de dix heures dans l’unité de vie familiale (UVF) de la prison. Une attaque qualifiée de « terroriste » par Nicole Belloubet.

Après de vaines tentatives de négociations, le RAID avait lancé l’assaut, conduisant à l’interpellation du détenu et au décès de sa compagne.