L’assaut décisif contre l’ultime poche du groupe Etat islamique (EI) en Syrie a repris, le délai donné à l’organisation pour la « reddition » de ses combattants ayant expiré, ont annoncé dimanche les forces antijihadistes soutenues par une coalition internationale emmenée par Washington.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS) combattent les derniers jihadistes désormais retranchés dans un campement de fortune dans le village de Baghouz, aux confins orientaux de la Syrie.
« Nous n’avons observé aucun mouvement de civils à l’intérieur (du réduit), les FDS ont donc repris les opérations militaires contre le groupe (EI) », a déclaré dimanche soir à l’AFP Adnane Afrine, un porte-parole des FDS.
Si les combats au sol ont pratiquement cessé au cours de la semaine écoulée, les frappes aériennes ciblées se sont poursuivies par intermittence sur l’ultime bastion des jihadistes, situé dans la province orientale de Deir Ezzor .
Mais le délai accordé aux jihadistes pour se rendre a expiré et les FDS ont repris dimanche leur assaut décisif.
« Nous avons évacué des milliers de civils et des milliers de terroristes se sont rendus », avait-il indiqué sur Twitter, en référence aux jihadistes de l’EI ayant déjà capitulé.
Il avait affirmé à l’AFP que l’offensive contre l’ultime carré jihadiste pouvait ainsi reprendre « à tout moment ».
M. Bali a toutefois précisé que le corridor humanitaire emprunté par les dizaines de milliers de civils évacués ces dernières semaines « restera ouvert ».
Parmi les 59.000 personnes qui ont déjà quitté cette zone depuis décembre plus de 6.000 jihadistes ont été arrêtés, selon l’OSDH.
Mais ces dernières 48 heures, le rythme des évacuations s’est considérablement ralenti.
« Hier (samedi), près de cent personnes ont quitté » la poche de l’EI, a indiqué Moustafa Bali à l’AFP. Aucune évacuation n’a eu lieu vendredi, a-t-il ajouté. Et les FDS n’ont toujours pas fait état de départ de civils dimanche.
L’EI empêcherait les derniers habitants de partir, selon M. Bali, qui affirme que les FDS ont dépêché des camions aux abords du réduit jihadiste, espérant de nouvelles évacuations.
L’exode massif de civils la semaine dernière a surpris les FDS, suggérant la présence possible d’un nombre encore non négligeable de personnes retenues à l’intérieur de ce réduit désertique, au bord du fleuve Euphrate.
Selon l’analyste Mutlu Civiroglu, l’EI joue la montre. Les jihadistes « décident du nombre de personnes qui vont partir », explique-t-il. « Ils sont probablement en train de préparer quelque chose, mais on ignore encore ce que c’est ».
Les FDS ont réussi ces derniers jours à grignoter une partie de l’ultime carré jihadiste, soutenus dans les airs par la coalition internationale.
« Nous sommes seulement à quelques dizaines de mètres » des jihadistes, lance Ahmad al-Siyyan, un combattant FDS. « C’est le point le plus proche que nous contrôlons », ajoute ce combattant de 24 ans, muni d’une paire de jumelles.
Après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la proclamation d’un « califat » sur de larges pans de territoire à cheval entre la Syrie et l’Irak, l’EI est désormais sur le point d’être rayé de la carte.
La défaite de l’organisation ultraradicale à Baghouz signerait la fin territoriale de son califat mais le groupe a déjà entamé sa mue en organisation clandestine.
Déclenchée en 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 360.000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes.