Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a qualifié mardi d’«utopiques» les récents projets d’Emmanuel Macron sur l’Europe, en particulier l’idée d’un salaire minimum européen, et apporté son soutien aux contre-propositions allemandes.
«Il y a un certain nombre de choses que nous rejetons (dans les idées du chef de l’État français, ndlr) et c’est la raison pour laquelle nous sommes très satisfaits» des idées avancées par le parti démocrate-chrétien de la chancelière allemande Angela Merkel «que nous partageons très largement», a dit le chancelier conservateur autrichien à la radio publique allemande.
«Je pense que de nombreuses propositions (d’Emmanuel Macron, ndlr) sont utopiques, quand je pense à l’idée d’une Union sociale, d’un salaire minimum européen», a dit M. Kurz, cité par l’AFP.
Emmanuel Macron a proposé la création d’un «bouclier social» pour les Européens et évoqué dans ce contexte «une même rémunération sur le même lieu de travail et un salaire minimum européen, adapté à chaque pays».Un tel projet «sonne peut-être bien superficiellement» mais il est «complètement irréaliste» en raison des différences de niveaux de vie entre pays européens et conduirait soit les États ayant de plus faibles niveaux de salaires à perdre leur attractivité, soit les États plus riches à financer eux-mêmes le rapprochement des niveaux de salaires, a estimé le chancelier autrichien.
«Pensez-vous que les constructeurs automobiles allemands investiraient en Hongrie ou en Pologne si les salaires étaient les mêmes qu’en Allemagne?», s’est-il interrogé.
Il a aussi, à l’image de l’Allemagne, rejeté toute idée de mutualisation des dettes, alors que le chef de l’État français prône depuis longtemps la création d’un budget significatif de la zone euro afin de financer des projets d’avenir.Une telle communautarisation des dettes serait «très dangereuse» car elle inciterait les États déjà lourdement endettés à poursuivre sur cette voie, a jugé le chef du gouvernement autrichien.
Emmanuel Macron a présenté une série de propositions dans une lettre intitulée «Pour une renaissance européenne». Dans cette tribune, il a exprimé des propositions concrètes en vue de transformer l’Europe en pôle de «liberté, de protection et de progrès».