« La France est un pays macho et les médias n’en sont que le reflet »

La journaliste Françoise Laborde explique pourquoi il est temps de « rééduquer les hommes », notamment dans les entreprises médiatiques.

« Tu m’excites quand tu marches », « tu aimes ça les gros micros », « tu passes bien à l’antenne, je peux te faire aller plus haut »… La dessinatrice Sarah Gully, auteure de Clémence et le pire, dénonce dans ses dessins des propos complètement déplacés qu’on entend encore dans les médias. Un peu plus d’un mois après l’éclatement de l’affaire de la Ligue du LOL qui éclabousse certains groupes de presse, l’association Pour les femmes dans les médias entend faire bouger le monde médiatique. Elle propose notamment que ces dessins soient placardés sur les machines à café. Une charte sur la bonne conduite des relations femmes-hommes dans les entreprises audiovisuelles doit être signée ce mercredi par une quinzaine de patrons au ministère de la Culture. Parmi les signataires, on trouve notamment Nicolas de Tavernost (M6), Gilles Pélisson (TF1), Maxime Saada (Canal+), Alain Weill (NextRadio) ou encore Delphine Ernotte (France Télévisions). Pour la journaliste Françoise Laborde, membre de PFDM, passée notamment par TF1 et France 2 et ex-membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel, « il faut rééduquer les hommes ». Entretien.

Le Point : Pourquoi faire signer une telle charte aux patrons de médias  ?

Françoise Laborde : Quand j’ai créé l’association Pour les femmes dans les médias (PFDM) il y a 7 ans, son but était de dire que le milieu des médias n’est pas toujours aussi ouvert aux femmes qu’on pourrait l’espérer. Nous avons notamment lancé les trophées PFDM pour récompenser les femmes qui sont inspirantes par leur travail, comme Manon Loizeau pour son documentaire Syrie, le cri étouffé, Claire Alet avec l’association Prenons la une, ou encore Fanny Herrero, scénariste de la série Dix pour cent. Puis quand il y a eu l’affaire Weinstein, je me suis dit qu’il fallait aller plus loin.

 

S’agit-il de vous solidariser avec le mouvement BalanceTonPorc  ?

BalanceTonPorc, ce n’était pas trop notre façon de procéder. Personnellement, je n’ai pas trop aimé. Nous préférons prévenir plutôt que dénoncer, en faisant un guide des bons usages. L’idée est d’avoir un code de bonnes conduites notamment pour les patrons de chaînes, qui s’engagent à prévenir leurs collaborateurs. Il s’agit de faire quelque chose de sympathique et humoristique avec les dessins de Sarah Gully, qui dénonce les gestes déplacés. Il y a plusieurs illustrations que l’on peut afficher sur la machine à café pour mettre à jour des situations malvenues du genre : « on se retrouve à 22 heures pour faire un rapport ».