Dans le contexte des attentats dans deux mosquées en Nouvelle-Zélande, qui ont fait selon le dernier bilan au moins 49 morts, le site Mediapart révèle, en s’appuyant sur des données des services du renseignement français, l’existence dans l’Hexagone de plusieurs groupuscules capables de lancer des attaques contre des musulmans en France.
Parmi les motifs qui ont poussé l’auteur des attentats de Christchurch à commettre ce crime figurait son désir de venger les «milliers de victimes des attentats» en France, victime, selon son manifeste publié sur les réseaux sociaux une heure avant les faits, d’une «invasion par les non-Blancs».
Le site Mediapart qui met l’accent sur cet aspect des attentats en Nouvelle-Zélande indique que depuis 2015 les services de renseignement français surveillent des «groupuscules islamophobes» «affiliés à l’extrême droite radicale» et qui «se sont constitués dans le but de […] se substituer à un État défaillant, en se préparant à recourir à la violence dans la perspective d’une guerre civile».
«Même s’ils restent embryonnaires, ils claironnent leur volonté de riposter et nous suivons cela de très près», a déclaré à Mediapart un haut gradé des services de renseignement.
À titre d’exemple, Mediapart évoque les Volontaires pour la France (VPF), organisation créée après les attentats du 13 novembre et dont le but est de «défendre l’identité nationale et de lutter contre l’islamisation du pays», comme l’indique le site des VPF.
Mediapart dit également avoir contacté ce groupuscule, qui avait revendiqué «près de 800 membres, parmi lesquels de nombreux militaires en retraite dont un certain nombre d’officiers supérieurs et de généraux».
La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), écrit toujours Mediapart, est particulièrement préoccupée par le nombre grandissant de militaires ou de membres des forces de l’ordre qui rejoignent les groupuscules en question.
Toutefois un ancien des services confie à Mediapart que la situation était plus compliquée en province qu’à Paris.
«Ce sont souvent des militaires de retour de mission en Afghanistan ou en Irak. Ils rentrent traumatisés, il faut les surveiller pour ne pas qu’ils continuent leur combat individuel. Certains créent des groupes sur les réseaux sociaux, ou se radicalisent à travers eux, d’autres peuvent passer à l’action», estime-t-il.
Les services de renseignement constatent également que certains groupuscules manifestent «la volonté de s’armer» pour «des passages à l’acte». Mediapart rappelle que dix membres «d’un groupe clandestin issu des rangs de l’ultra-droite», Action des forces opérationnelles (AFO) ont été arrêtés le 24 juin 2018 en région parisienne, ainsi qu’en Corse, en Gironde, dans la Vienne et en Charente pour avoir préparé «des attaques contre des musulmans pour se venger des attentats commis par des djihadistes en France ces dernières années».
Toujours selon Mediapart, un autre membre de l’AFO, interpellé au printemps 2018, a caché à son domicile un laboratoire de fabrication d’explosifs et plusieurs armes à feu, découverts lors de la perquisition. «Les services de renseignement suspectent que plusieurs caches d’armes auraient été disséminées dans les onze régions où cette cellule clandestine est présente», conclu le site.