« Gilets jaunes » : le préfet limogé, des manifestations interdites

Limogeage du préfet de police de Paris, interdictions de manifester et augmentation des amendes : Édouard Philippe s’est voulu ferme, lundi, en annonçant plusieurs mesures-phare après les violences et pillages survenus à l’occasion du 18e samedi consécutif de manifestations des « gilets jaunes ».

Édouard Philippe, qui doit s’exprimer au 20h00 de France 2, a reconnu que la stratégie de maintien de l’ordre mise en œuvre depuis le début de la crise, début décembre, « n’a pas été correctement exécutée et que la conduite des opérations a connu des dysfonctionnements ».

Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, régulièrement donné partant entre affaire Benalla et polémiques à répétition sur la gestion de l’ordre public dans la capitale, en a fait les frais.

Il est remplacé par Didier Lallement, jusqu’alors préfet de la région Nouvelle-Aquitaine, dont le chef-lieu Bordeaux est l’un des épicentres de la crise des « gilets jaunes » et de ses débordements hebdomadaires.

M. Lallement, 62 ans, réputé pour avoir un caractère bien trempé, est une figure connue de l’exécutif, bien que n’ayant jamais exercé à la préfecture de police de Paris : influent secrétaire général du ministère de l’Intérieur de 2012 à 2014, il avait ensuite été nommé à la Cour des comptes.

Édouard Philippe a par ailleurs annoncé l’interdiction de manifester « chaque fois qu’il le faudra », dans les quartiers « les plus touchés », « dès lors que nous aurons connaissance d’éléments ‘ultras’ et de leur volonté de casser », en citant les Champs-Elysées à Paris, les place du capitole à Toulouse et Pey-Berland à Bordeaux.

Le nouveau maire de Bordeaux, Nicolas Florian (LR), a jugé que les mesures annoncées allaient « dans le bon sens ».

Le Premier ministre a encore indiqué avoir demandé à la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet, « d’augmenter très nettement le montant de la contravention en cas de participation à une manifestation interdite », portant l’amende encourue à 135 euros, contre 38 euros actuellement.

En déplorant que « des consignes inappropriées (aient) été passées pour réduire l’usage » des lanceurs de balle de défense (LBD), il a dit sa volonté de « renforcer la fermeté de notre doctrine de maintien de l’ordre ».

Dans l’entourage du Premier ministre, on a souligné que la décision d’user avec modération des LBD n’était pas le fait du ministère de l’Intérieur.

Matignon avait reconnu dès dimanche des « dysfonctionnements » du dispositif de sécurité face à une flambée de violence qui renvoie à un niveau de tension connu en décembre, avec le saccage de l’Arc de Triomphe.

« Trop simple »

Mais, pour l’une des porte-parole de LR, Lydia Guirous, « c’est trop simple et méprisant de s’en prendre aux policiers et au préfet Michel Delpuech qui sont sur le pont depuis 4 mois », a-t-elle estimé sur Twitter, en reprochant à Christophe Castaner d’avoir été « incapable de donner une ligne claire aux autorités de police ».

Emmanuel Macron « a donné un permis de casser aux casseurs », a encore dénoncé le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau auprès de l’AFP, évoquant un « Notre-Dame-des-Landes sur les Champs-Élysées ».

« Nomination du préfet de Paris : une prime au violent qui a échoué en Gironde ! », a pour sa part fustigé le leader des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon.

Christophe Castaner et son homologue pour l’Économie Bruno Le Maire devront s’expliquer mardi devant les commissions des Lois et des Affaires économiques du Sénat sur ces violences et leurs conséquences économiques.

M. Le Maire recevait en outre lundi après-midi à Bercy des représentants des secteurs d’activités touchés, alors que le Premier ministre s’entretiendra mardi avec la maire de Paris Anne Hidalgo. 27 commerces ont été pillés et 124 dégradés samedi à Paris, selon Édouard Philippe.

Les dégâts liés aux manifestations des « gilets jaunes » en France ont été estimés à 170 millions d’euros depuis le début du mouvement mi-novembre par la fédération française de l’assurance (FFA) lundi, compte non tenu des nouvelles dégradations commises samedi sur les Champs-Élysées.

Les violences font leur retour au premier plan alors que le gouvernement espérait sortir de la crise avec le grand débat national pour lequel le président n’a pas hésité à mouiller la chemise, enchaînant débats-marathons avec élus et citoyens.

L’exécutif s’est donné jusqu’à la mi-avril, avec une prise de parole prévue du président Macron à ce moment-là, pour décider ce qu’il compte faire des très nombreuses propositions qui ont émergé.

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