« Gilets jaunes » : le préfet de police de Paris Michel Delpuech limogé

Son départ était donné comme inévitable, c’est désormais chose faite. Le préfet de police de Paris Michel Delpuech a été démis de ses fonctions et remplacé par Didier Lallement.

C’est le Premier ministre Édouard Philippe qui l’a annoncé à l’issue d’un nouveau week-end marqué par le saccage d’une partie des Champs-Élysées en marge de la manifestation des « gilets jaunes ».

Son état de santé prêtait depuis longtemps à question. Sa dernière hospitalisation avait été tenue secrète. Trois jours durant en février 2018, le préfet de police Michel Delpuech était off. « Une opération de routine », avait précisé son cabinet au Point. Surtout, âgé de 66 ans, il avait déjà atteint la limite d’âge pour un préfet, fixée à 65 ans.

Selon nos informations, il avait demandé à être prolongé via le décret « Lambert », un dispositif créé sur mesure pour l’ancien préfet Christian Lambert par Nicolas Sarkozy pour permettre le maintien en fonction de hauts fonctionnaires au-delà de la limite d’âge. Les « gilets jaunes » auront eu raison de ses velléités de prolongation…

Hypertendu, l’ancien dircab de Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur de 2007 à 2009, avait des raisons de l’être. À chaque manifestation, Paris tremble. Avant les « gilets jaunes », il y a eu les Black Blocs des manifs du 1er Mai : les violences contre les forces de l’ordre, les banques, les commerces ou le mobilier urbain ont régulièrement fait la une de l’actualité sans que le préfet n’arrive à les juguler, voire les éradiquer.

Les alertes de ses services n’ont pourtant pas manqué. En première ligne, la direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP, ex-RG) a régulièrement rendu des rapports faisant état des violences à venir. C’était encore le cas avant la 18e manif des Gilets jaunes de ce samedi : « … risques importants de violences urbaines et présence de casseurs aux profils différents (dégradations au domaine public, banques, commerces et véhicules) », pouvait-on lire sur une note du 15 mars relayée par la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC). Le 9 mars, au lendemain de l’acte XVII, les ex-RG prévenaient déjà des violences programmées du 15 mars.

Le saccage de l’Arc de Triomphe aura scellé son sort

Mais c’est depuis le 1er décembre et le saccage de l’Arc de Triomphe que le sort du préfet est scellé. À la préfecture de police, on affirme que l’Élysée était demandeur de « plus de rentre-dedans » de la part des forces de l’ordre.

Depuis 1986 et la mort de Malik Oussekine, tué par la police durant une manifestation étudiante, aucun décès n’a été déploré à Paris au cours d’une opération de maintien de l’ordre. Mais Michel Delpuech, proche de la retraite, ne souhaitait pas rester dans l’histoire en réitérant une telle tragédie. Néanmoins, à partir du 8 décembre, à la demande de Beauvau, le préfet a créé les détachements d’action rapide (DAR), composés d’une vingtaine de policiers de la BRI et des BAC, spécialisés dans le « saute-dessus », les interpellations en flagrant délit. À condition que la situation le permette. Une polémique avait pris corps après les révélations du Point concernant des policiers qui avaient suivi un casseur toute une journée et interpellé seulement à la fin de ses exactions.

Déjà annoncé sur le départ à la suite de l’affaire Benalla, il était parvenu à se maintenir in extremis, au terme d’une audition vigoureuse diffusée en direct à l’Assemblée nationale.

Ce week-end, malgré les nouvelles scènes d’émeutes sur les Champs-Élysées, il espérait à nouveau sauver sa tête en ne lâchant pas d’une semelle Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur. Son éviction doit permettre à l’exécutif de reprendre la main, même si l’opposition, du Rassemblement national à La France insoumise, s’est empressée de dénoncer le limogeage d’un simple « fusible ».