Castaner en boîte de nuit : les syndicats dénoncent une « faute professionnelle »

Un ministre de l’Intérieur peut-il être sans protection et alcoolisé par les temps qui courent ? La soirée arrosée de Christophe Castaner fait débat.

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner n’avait pas besoin de ça ! Closer et Voici ont dévoilé des clichés dans lesquels on peut le voir en boîte de nuit le 9 mars dernier, et les images sont pour le moins embarrassantes. Selon leurs informations, le premier flic de France enchaîne les shots de vodka et embrasse une jeune femme blonde. Forcément, les commentaires n’ont pas tardé à arriver en nombre, notamment sur la question de la sécurité du ministre. Christophe Castaner lui-même s’est senti obligé de réagir le jour de la polémique pour espérer l’éteindre. En visite officielle à Saint-Astier en Dordogne, il a affirmé que sa sécurité était « assurée » lors de cette soirée. « Il n’y a pas de polémique, ma sécurité est toujours assurée. Mais nous étions dans un lieu privé, un restaurant, et elle sait se faire efficace et discrète », a affirmé devant la presse le ministre de l’Intérieur, qui célébrait en Dordogne les 50 ans du Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG).

Mais, pour un responsable policier cité par Le Parisien, cette sortie médiatisée ne passe pas. « C’est une faute professionnelle quand vous êtes premier flic de France. Samedi, on demandait aux policiers et aux gendarmes une mobilisation sans précédent sur les « gilets jaunes » et nous allons être la risée de tous ! » Un avis partagé par un autre syndicaliste qui reste anonyme. « Les syndicats ne bougeront pas, à part peut-être certains minoritaires. Mais c’est une vraie connerie. Difficile d’être crédible et audible après. »

Une conseillère LREM

Le fait que la jeune femme impliquée dans cette soirée arrosée soit, selon les informations de Voici, une proche du ministre de l’Intérieur depuis au moins deux ans ne simplifie pas l’affaire. Ex-conseillère au cabinet du secrétaire d’État auprès du Premier ministre et du porte-parole du gouvernement de juillet à novembre 2017, justement lorsque Christophe Castaner occupait cette dernière fonction, elle fut ensuite pendant trois mois conseillère numérique du délégué général de La République en marche. Elle travaille depuis mai 2018 dans une agence de communication.

Très vite, Christophe Castaner a toutefois pu compter sur le soutien gouvernemental. Vendredi matin, le Premier ministre Édouard Philippe a affirmé sur Europe 1 qu’il n’avait « aucun commentaire à faire sur la vie privée de Christophe Castaner, et que le ministre de l’Intérieur avait toute (sa) confiance ». « Je crois qu’il n’y a pas de questions autour de sa sécurité », a encore affirmé Édouard Philippe sur Europe 1. Interrogé sur un éventuel problème d’« exemplarité » de son ministre, le Premier ministre a de nouveau fait valoir qu’il n’avait « aucun commentaire » à faire sur ce qui relève selon lui de la « vie privée » de Christophe Castaner.

L’opposition s’insurge

Une sobriété qui n’a pas vraiment été partagée par ses opposants politiques. Ainsi, sur son compte Twitter, le secrétaire général délégué des Républicains Guillaume Larrivé, s’est montré plutôt moqueur. « Le vrai problème n’est pas que M. Castaner s’amuse en discothèque, mais qu’il occupe le bureau du ministre de l’Intérieur, en France, en 2019. »

Benoît Hamon a, lui, pointé un problème gouvernemental plus large. Interrogé sur RTL, le candidat de Génération·s aux élections européennes a demandé de la « tenue » au gouvernement. « Il y a quelque chose dans ce gouvernement, depuis l’affaire Benalla, qui montre qu’il y a de la légèreté […] une légèreté qui n’est pas appropriée à l’époque que nous vivons. »

Pour Christophe Castaner, ce qui compte, c’est « la capacité du ministre à être dans la totalité de l’exercice de ses fonctions. C’est mon cas, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 ». Une position qui risque d’être peu audible dans les prochains jours.

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