La France s’opposera au report du Brexit demandé par la première ministre britannique Theresa May s’il n’est pas justifié par une stratégie «crédible», a déclaré aujourd’hui le chef de la diplomatie française.
«Une situation dans laquelle Madame May ne serait pas en mesure de présenter au Conseil européen des garanties suffisantes sur la crédibilité de la stratégie conduirait alors à écarter la demande d’extension et à préférer une sortie sans accord», a souligné Jean-Yves Le Drian devant les députés français. Le ministre a fixé trois conditions pour «une extension de quelques semaines»: «que la prolongation ait pour objectif de finaliser la ratification de l’accord de retrait négocié», «que le Royaume-Uni soit très clair sur le fait que l’accord de retrait entériné en novembre dernier ne sera pas renégocié» et qu’il ne «participe pas aux élections européennes» de mai.
A neuf jours de la date prévue du Brexit, le 29 mars, Therera May a demandé aujourd’hui aux dirigeants européens un report au 30 juin, afin d’éviter à son pays, incapable de se rassembler autour d’un accord de divorce, une sortie sans filet. La dirigeante conservatrice a également affirmé son intention de «présenter une nouvelle fois à la Chambre» le traité de retrait conclu avec Bruxelles et ce «aussi vite que possible». Ce traité, péniblement conclu en novembre à l’issue d’un an et demi de négociations, a déjà été massivement rejeté à deux reprises par les députés britanniques, le 15 janvier puis le 12 mars. Son adoption offrirait au Royaume-Uni une sortie ordonnée, quarante-six ans après avoir rejoint ce qui était à l’époque la Communauté économique européenne.
«Nous serons bien entendu ouverts à une extension technique de quelques semaines afin que les institutions britanniques finalisent la ratification du texte», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères. «En revanche, en l’absence de vote approuvant l’accord de retrait, le scénario central est la sortie sans accord. Nous y sommes prêts», a ajouté Jean-Yves Le Drian, en relevant qu’un nouveau vote sur l’accord devrait intervenir avant le 29 mars.