Le Sénat italien a interdit mercredi la tenue d’un procès contre le ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite), accusé de séquestration de personnes pour avoir interdit en août le débarquement de dizaines de migrants.
Le vote était ouvert jusqu’à 19H00 et le résultat ne sera pas officiel avant, mais le tableau électronique de l’hémicycle indiquait déjà dans l’après-midi une majorité de lumières vertes, signe d’un vote en faveur du rapport de la commission pour les immunités, qui s’était prononcée contre un procès. Dans la nuit du 15 au 16 août, les garde-côtes italiens ont secouru 177 migrants en détresse, transférés au petit matin sur leur navire Diciotti. Mais malgré des demandes répétées, le ministère de l’Intérieur n’avait pas désigné à l’époque de port de débarquement. Le Diciotti a navigué plusieurs jours au large de l’île italienne de Lampedusa, où quelques malades ont été évacués, puis il a accosté à Catane (Sicile), où seuls les mineurs puis les femmes ont pu débarquer, au compte-goutte. Les hommes n’ont été autorisés à descendre que le 25 au soir, après que l’Eglise d’Italie, l’Irlande et l’Albanie se sont engagés à les prendre en charge. Début novembre, le parquet de Catane, qui avait ouvert une enquête contre M. Salvini pour séquestration de personnes, avait demandé le classement de l’affaire. Mais le tribunal des ministres, composé de trois magistrats tirés au sort, n’a pas suivi la requête du parquet et a demandé au Sénat, dont M. Salvini est un élu, la permission d’entamer ce procès. L’affaire a provoqué des remous au sein du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), allié gouvernemental de la Ligue de M. Salvini, dont le refus de toute forme d’immunité pour les politiques était l’un des principes de base. Lors d’un vote sur internet en février, près de 60% des adhérents du M5S se sont cependant prononcés contre un procès.