L’un des cyberharceleurs soupçonné d’avoir menacé de mort la journaliste d’Europe 1 Nadia Daam, après une chronique dans laquelle elle dénonçait une campagne de haine à l’encontre de deux militants féministes, sera jugé aujourd’hui à Rennes.
Le prévenu, qui encourt trois ans de prison et 75.000 euros d’amende, se retrouvera à la barre du tribunal correctionnel pour «menace de crime contre les personnes matérialisée par écrit, image ou autre objet». Cet étudiant en philosophie avait posté le 1er novembre 2017 sur le forum Blabla 18/25 du site jeuxvideo.com le message «Je vais t’égorger, violer ton cadavre et faire de même avec ton enfant» à l’encontre de Nadia Daam, a indiqué à l’AFP l’avocat de la journaliste, Me Éric Morain. L’homme avait été retrouvé après dix mois d’enquête.
Nadia Daam a critiqué à la radio une violente campagne menée sur le forum Blabla 18/25 à l’encontre de deux militants féministes, Clara Gonzales et Elliot Lepers, qui ont obligé ces derniers à désactiver la ligne téléphonique «anti-relou» qu’ils avaient créée pour décourager les auteurs de harcèlement. Dans sa chronique, la journaliste qualifiait le sulfureux forum de «poubelle à déchets non recyclables d’Internet».
Quelques minutes après, la journaliste, également chroniqueuse dans l’émission 28 Minutes sur Arte, devient la cible d’une violente campagne de cyberharcèlement, avec menaces de mort et de viol contre elle et sa fille, diffusion de leur photo et adresse, piratage des comptes sur les réseaux sociaux de la journaliste, etc. Europe 1 avait déposé plainte deux jours après la diffusion de la chronique. Le groupe Webedia, propriétaire du site jeuxvideo.com, s’est également associé aux procédures judiciaires.
«C’est le dernier acte de cette séquence, on espère qu’il n’y aura pas de nouvelle séquence. Elle a été pionnière, sans que cela fasse beaucoup bouger les choses, elle a été la première, elle a eu le courage de le faire en voulant aller jusqu’au bout, en ne transigeant pas sur ses droits», a ajouté Me Morain, espérant «une prise de conscience» des cyberharceleurs. Contacté par l’AFP, l’avocat du prévenu, Me Frédéric Birrien, a estimé les propos «nauséabonds et nauséeux» mais «non constitutifs du délit de menace de mort stricto sensu».