Des institutions musulmanes, des responsables et militants associatifs, des artistes, demandent «des actes forts du président de la République et du gouvernement» contre l’islamophobie, dans un tribune publiée aujourd’hui sur les sites Al-Kanz, Islam&Info, LeMuslimPost et Mizane Info.
«Il ne se passe pas un jour en France sans que des propos islamophobes soient tenus dans de nombreux médias ou dans certains discours politiques. Personne ne s’en émeut outre-mesure, et leurs auteurs ne sont pas condamnés», estiment les auteurs de ce texte, une semaine après le massacre perpétré dans deux mosquées en Nouvelle-Zélande, qui a fait 50 morts.
Cet attentat «doit nous faire prendre conscience du danger qui guette les personnes de confession musulmane et la France, avant qu’il ne soit trop tard», ajoutent-ils. «Nous demandons donc des paroles et des actes forts de la part du président de la République et du gouvernement comme ils l’ont fait à juste titre dans le cas de la lutte contre l’antisémitisme. Ils doivent prendre la mesure de la montée de l’islamophobie dans notre pays», écrivent-ils. Les signataires mettent également les médias «en face de leurs responsabilités», estimant que «la banalisation de l’islamophobie dans certains» d’entre-eux «engendre depuis trop longtemps un ressentiment patent vis-à-vis des personnes de confession musulmane».
Parmi ces derniers figurent le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Ahmet Ogras, le directeur du Collectif contre l’islamophobie en France Jawad Bachare, le directeur de la plateforme Les Musulmans Marwan Muhammad, l’acteur Mathieu Kassovitz, la sénatrice Nathalie Goulet, les chroniqueurs de «Touche pas à mon poste» Jimmy Mohamed et Mokhta, des imams, des responsables de mosquées, les dirigeants des sites Al-Kanz, Islam&Info, LeMuslimPost et Mizane Info.
Selon le bilan publié en février par le ministère de l’Intérieur, le nombre d’actes antimusulmans (ayant donné lieu à une plainte) en France a baissé en 2018, passant de 121 à 100, pour tomber à son plus bas niveau depuis 2010. Les faits antisémites ont bondi de 74% (541 faits) après deux années de baisse, et le nombre d’actes antichrétiens est stable (1.063 actes recensés). L’Observatoire national contre l’islamophobie (instance appartenant au CFCM) conteste les chiffres des actes antimusulmans, estimant qu’ils ne «reflètent pas la réalité» du fait des réticences à porter plainte. De son côté, le CCIF, qui se base sur les déclarations d’actes islamophobes signalés auprès de sa propre plateforme d’appel, a relevé une hausse de 52% en 2018 par rapport à 2017, avec 676 actes.