Les Etats-Unis poursuivent leurs appels à tous les pays à rapatrier leurs ressortissants engagés dans les rangs de l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) en Syrie et capturés par les forces kurdes qui ont vaincu son «califat» autoproclamé, refusant d’évoquer la piste d’une juridiction internationale.
Ces forces kurdes, appuyées par une coalition internationale menée par les Américains, ont appelé aujourd’hui à la création d’un «tribunal international spécial dans le nord-est de la Syrie» pour juger les crimes de l’EI, déplorant qu’«aucun pays» n’ait «accepté de rapatrier ses ressortissants».
Interrogé à Washington sur cette option, le représentant spécial des Etats-Unis pour la Syrie James Jeffrey a assuré ne pas être sur cette ligne. «Nous n’étudions pas ça à ce stade», a-t-il dit, alors que l’administration de Donald Trump a multiplié les attaques contre la justice internationale qu’elle voit comme une remise en cause de sa propre souveraineté. Selon lui, la «priorité» américaine est «de faire pression sur les pays pour qu’ils reprennent leurs propres ressortissants, qu’ils aient commis des crimes ou pas». «S’ils y mettent les moyens, ils peuvent gérer» le retour et la prise en charge judiciaire de ces djihadistes, a-t-il affirmé.
Les forces kurdes évoquent la présence dans le nord-est syrien d’un millier de détenus étrangers (ni Syriens ni Irakiens) issus des rangs djihadistes. Washington avait déjà fermement appelé ces dernières semaines à leur rapatriement, notamment par les pays occidentaux, comme la France, la Belgique ou le Royaume-Uni. Donald Trump ayant décidé de retirer l’essentiel des soldats américains déployés en Syrie à la faveur de la fin du «califat», son administration prévient qu’elle ne pourra plus garantir que les combattants détenus par les Kurdes n’arrivent pas à s’enfuir et à reprendre les armes.
Mais l’éventuel retour de ces djihadistes est souvent très mal vu par l’opinion publique et plusieurs gouvernements préféreraient d’autres solutions, comme des procès sur place. James Jeffrey a refusé de préciser le calendrier de retrait des soldats américains, répétant seulement qu’il avait «déjà commencé» et que seul un «petit contingent» resterait sur place. Quant à la «zone de sécurité» à la frontière syrienne avec la Turquie, en discussions depuis plusieurs semaines avec Ankara, les négociations continuent. Il s’agirait d’une zone où les miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), membres de la coalition anti-EI, n’auraient pas droit de cité, pour satisfaire la Turquie qui les considère comme des «terroristes», a expliqué l’émissaire américain.