Impliquée en Syrie depuis septembre 2015, l’armée française a contribué à la reprise de Baghouz, dernier bastion de l’Organisation État islamique (OEI), grâce à ses frappes aériennes et à l’implication de ses forces spéciales sur le terrain.
Lui et les autres membres de l’armée française présents dans cette région ont joué un rôle non négligeable dans la bataille contre l’OEI. Au total, depuis le lancement en 2014 de l’opération Chammal en Irak puis en Syrie, l’armée française a tiré plus de 18 000 obus et mené plus de 1 500 frappes aériennes en appui des troupes alliées engagées au sol contre les jihadistes.
La ministre des Armées, Florence Parly, a rendu hommage, samedi 23 mars, aux Forces démocratiques syriennes (FDS), aux forces de la coalition internationale et « plus particulièrement aux Français de Chammal, aviateurs, soldats et marins ». « Ils ont, par leur engagement et leur professionnalisme, activement contribué à ce succès contre Daech que tous les Français attendaient », a-t-elle écrit dans un communiqué publié sur Twitter.
Alors qu’il se profilait, ce succès militaire a toutefois été critiqué par le colonel François-Régis Legrier, chef de corps du 68e régiment d’artillerie d’Afrique et commandant de la Task Force Wagram au Levant – les forces spéciales impliquées en Syrie – entre octobre 2018 et février 2019.
Ce dernier a publié dans la Revue défense nationale (RDN) de février un article intitulé « La bataille de Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? » dans lequel il met en cause la méthode américaine, suivie par l’armée française, pour vaincre l’OEI et qui consiste à s’en remettre essentiellement aux frappes aériennes.
Washington voudrait que Paris double sa présence militaire en Syrie
« Au XIXe siècle, le sort d’une bataille mettant en jeu quelques milliers d’hommes était réglé en une journée […] ; au XXIe siècle, il faut près de cinq mois et une accumulation de destructions pour venir à bout de 2 000 combattants ne disposant ni d’appui aérien, ni de moyens de guerre électronique, ni de forces spéciales, ni de satellites », déplorait le colonel français.
« Pourquoi entretenir une armée que l’on n’ose pas engager ?, demandait-il. Si la réduction du dernier bastion de l’État islamique ne vaut pas la peine d’engager des troupes conventionnelles, quelle cause sera assez importante pour le faire ? Extrêmement à l’aise pour remplir les grands états-majors multinationaux d’une ribambelle d’officiers, les nations occidentales n’ont pas eu la volonté politique d’envoyer 1 000 combattants aguerris régler en quelques semaines le sort de la poche de Hajin et d’épargner à la population plusieurs mois de guerre. »
Le colonel Legrier souligne par ailleurs que « Daech, s’il a perdu son territoire, ne semble pas atteint dans sa volonté de continuer la lutte ». Or, la ministre des Armées, qui a pourtant vivement critiqué ses propos au moment de la parution de l’article, fait le même constat, dans son communiqué du 23 mars, et prévient : « Nous ne devons pas nous bercer d’illusions. S’il faut célébrer le succès, la situation n’en reste pas moins précaire sur le terrain. Il est urgent de rester concentrés dans notre combat contre le terrorisme. »
Les militaires français de l’opération Chammal ont-ils donc vocation à rester présents au Moyen-Orient ? Le ministère des Armées ne s’est pas encore officiellement prononcé sur l’avenir des forces françaises. Mais selon Le Figaro, Washington aurait demandé à Paris de doubler sa présence militaire en Syrie, « composée actuellement d’environ 200 membres des forces spéciales ». Le quotidien affirme que les canons Caesar, installés à proximité de la frontière entre l’Irak et la Syrie, devraient être retirés. Le sort de la base aérienne en Jordanie est, lui, encore en suspens.