Une quatrième militante kurde s’est suicidée lundi dans une prison turque afin de protester contre les conditions de détention d’Abdullah Öcalan, chef historique de la guérilla kurde, ont indiqué
des sources au sein du parti prokurde turc.
La mort de Medya Cinar est la quatrième de ce genre, a expliqué à l’AFP une responsable du Parti démocratique des peuples (HDP), qui a souhaité rester anonyme.
Ce suicide fait suite à ceux de Ugur Sakar, Zülküf Gezen et Ayten Becet, depuis le lancement, le 8 novembre d’une grève de la faim par la députée kurde Leyla Güven.
Selon le HDP, plus de 170 personnes ont rejoint Mme Güven en entamant des grèves de la faim qui visent à réclamer l’assouplissement des conditions de détention d’Abdullah Öcalan, chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Medya Cinar était accusée de liens avec le PKK, un groupe classé « terroriste » par la Turquie, mais aussi l’Union européenne, les Etats-Unis et le Canada.
Elle était détenue dans une prison de Van (est) mais avait été transférée à Mardin (sud-est) pour une audience de son procès, et c’est là qu’elle s’est suicidée, a expliqué à l’AFP le député HDP de Mardin Tuma Celik.
Le parquet de Mardin a dénoncé dans un communiqué des informations « biaisées, fausses », démentant que ce suicide soit un acte de protestation.
Selon lui, la jeune femme s’est pendue à 09H14 (06H14 GMT) et son décès a été constaté à son arrivée à l’hôpital un peu plus tard.
Le suicide, là aussi par pendaison, de Zülküf Gezen mi-mars, avait provoqué des affrontements entre la police et des manifestants à Diyarbakir, principale ville du sud-est à majorité kurde de Turquie.
Le procureur de la république avait également nié tout lien entre son
suicide et un acte de protestation.
Abdullah Öcalan est détenu depuis 1999 dans l’île-prison d’Imrali, près d’Istanbul, où il sert une peine de prison à perpétuité.
Malgré un isolement quasi-total, M. Öcalan reste une figure de référence pour la rébellion kurde en Turquie, où le conflit avec l’Etat a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.
La députée du HDP Ayse Acar Basaran a déclaré samedi dans un communiqué qu’Ayten Becdet, 24 ans, s’était suicidé pour « protester contre l’isolation inhumaine, illégale et illégitime imposée à Abdullah Öcalan ».