Le président de la Cour suprême espagnole a jugé «inadmissible» une tribune dans laquelle 41 sénateurs français assurent que des indépendantistes catalans sont «emprisonnés ou forcés à l’exil pour leurs opinions» dans une lettre transmise mercredi au président de la chambre haute du Parlement français.
«La déclaration signée par 41 sénateurs a suscité un profond malaise au sein de la Cour que je préside», écrit Carlos Lesmes dans sa lettre à Gérard Larcher.
Il fait référence à une tribune, publiée lundi et signée par 41 élus, de droite comme de gauche, du Sénat français, qui dénonçait «la répression d’élus légitimes, représentants politiques de la Generalitat de Catalogne, emprisonnés ou forcés à l’exil pour leurs opinions dans l’exercice des mandats que leur ont confiés les électeurs». «Cette affirmation, qui sert de fondement au manifeste signé par les sénateurs, est manifestement contraire à la vérité et est en tout point inadmissible, en affirmant l’existence en Espagne, et plus concrètement à la Cour suprême, d’une situation de répression de représentants politiques en raison de leurs opinions politiques», écrit Carlos Lesmes.
La Cour suprême, la plus haute institution judiciaire espagnole, juge depuis février 12 anciens dirigeants indépendantistes catalans pour avoir tenté en octobre 2017 de faire sécession de l’Espagne. Pour les séparatistes, au pouvoir en Catalogne, ces 12 séparatistes, en détention provisoire, sont des «prisonniers politiques». Le parquet a requis des peines de sept à 25 ans de prison contre eux, les accusant de rébellion ou de détournement de fonds publics. Après avoir organisé le 1er octobre 2017 un référendum d’autodétermination interdit par la justice, les séparatistes avaient proclamé le 27 octobre une république catalane indépendante, déclenchant la plus grave crise politique que l’Espagne ait connue depuis la fin du franquisme.
En réaction à la tribune des sénateurs, qui réclamaient que la France et les autres pays de l’Union européennes interviennent «pour rétablir les conditions du dialogue afin de trouver des solutions politiques à un problème politique», le gouvernement français avait réaffirmé le jour même son soutien à «l’unité de l’Espagne». «Il n’appartient pas à la France de s’immiscer dans des procédures judiciaires en cours», avait souligné la diplomatie française, manifestant sa «confiance dans la capacité de la démocratie espagnole à conduire un dialogue politique apaisé, respectueux de la légalité constitutionnelle et de l’Etat de droit».