Le premier ministre arménien n’est pas content des Etats-Unis

Le premier ministre arménien Nikol Pachinian a critiqué jeudi 28 mars les Etats-Unis pour ne pas avoir manifesté une “réaction” adéquate aux changements démocratiques en, cours en Arménie.

Manifestement déçu par l’attitude de Washington, dont les satisfécits adressés pour les réformes qu’il a initiées dans le pays et confirmées depuis qu’il a été conforté au pouvoir à la faveur des élections du 9 décembre, n’ont pas été suivis d’effets concrets, N. Pachinian a notamment déclaré lors d’une allocution dans le Parlement arménien : “Les Etats-Unis se posent depuis longtemps comme les plus ardents défenseurs de la démocratie dans le monde… Alors je vous pose ici à tous cette question : comment donc les Etats-Unis ont-ils réagi aux changements démocratiques sans précédent observes en Arménie ? Car il s’agissait bien d’un changement démocratique fondamental et nul ne peut en douter”.

“Moi, par exemple, j’ai dit aux représentants des Etats-Unis qu’ils avaient eu zéro réaction. Et pourquoi ?” a déploré N. Pachinian. “Quand nous disons que la souveraineté de notre pays est d’une importance majeure pour nous, cela ne signifie pas que nous ressentions la nécessité de remplacer une dépendance à un point à une dépendance à un point B”, a poursuivi le chef du gouvernement arménien, dans une allusion évidente aux appels de l’administration de D. Trump, lancés par son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, lors de sa visite à Erevan, où il invitait les Arméniens à s’affranchir de l’ “influence excessive” de la Russie, qui serait donc toujours un frein au développement de la coopération arméno-américaine, souhaitée pourtant par les deux parties.

“Nous prenons la question de notre souveraineté très au sérieux et je veux pour assurer… que notre gouvernement est entièrement dévoué à la défense de la souveraineté de notre peuple et de notre pays dans toutes ses acceptions”, a poursuivi N. Pachinian.

N. Pachinian répondait à un député de l’opposition pro-occidentale qui reprochait à son gouvernement avait maintenu l’Arménie dans le giron de la Russie et n’avait pas approfondi les relations avec les Etats-Unis.

Le député, Arman Babajanian, avait aussi aussi reproché à l’actuel pouvoir en place à Erevan d’avoir compromis le volet économique de ces relations en gelant de fait un projet minier majeur en Arménie qui se réclamait du soutien déclaré de l’administration Trump. N. Pachinian n’a toutefois pas précisé s’il était contrarié par le refus de Washington d’augmenter son assistance économique à l’Arménie à la hauteur des attentes suscitées par les changements politiques dont elle a été le théâtre, et qui garantissaient sa démocratisation, et en principe donc, son rapprochement avec l’Occident.

Mais la démocratisation n’est pas, si elle l’a jamais été, un paradigme dans les choix diplomatiques de Washington, et à l’heure de D.Trump en tout cas, moins que jamais.

Si l’évolution politique de l’Arménie a été saluée par les Etats-Unis, ceux-ci n’apprécient guère le renforcement assumé sans complexe par Erevan, de ses relations avec so,n partenaire stratégique russe, et sans doute moins encore la volonté affichée par le nouveau pouvoir arménien de poursuivre et développer les relations avec le voisin iranien, alors même qu’il est frappé par une nouvelle vague de sanctions américaines, des choix diplomatiques qui ne sont pas de nature à renforcer les liens arméno-américains.

En écho à D. Trump, qui avait félicité N. Pachinian pour son élection au poste de premier ministre à la faveur des législatives anticipées du 9 décembre dont il saluait le caractère démocratique, le Secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo avait salué récemment les “changements remarquables” intervenus en Arménie. Mais les mots peinent à se traduire en actes.

N. Pachinian, qui avait rencontré le 22 mars la nouvelle ambassadeur des Etats-Unis à Erevan, Lynne Tracy, n’avait pas manqué de lui faire part de ses attentes déçues, tout en soulignant qu’il était “désireux de poursuivre le développement du partenariat avec les Etats-Unis, dans les domaines politique et économique”.

par Garo Ulubeyan le vendredi 29 mars 2019
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