Près de deux ans après la chute de Daech dans la seconde ville d’Irak, l’inauguration d’un institut culturel franco-irakien est un symbole.
« Ainsi, toujours poussé vers de nouveaux rivages… » entame une jeune étudiante, coiffée d’un voile vert kaki. Elle poursuit la lecture, en arabe puis en français, du célèbre poème Le Lac d’Alphonse de Lamartine jusqu’au dernier vers. Devant elle se tient le maire de Mossoul, le président de l’université, l’ambassadeur de France Bruno Aubert, le chef des opérations militaires Najim al-Jibouri et des dizaines d’autres acteurs engagés pour la reconstruction de la ville irakienne, libérée des griffes du groupe État islamique (EI) il y a près de deux ans et ravagée par les combats.
« C’est ici, dans le département de droit de l’université, que Daech confectionnait des voitures piégées pour semer la mort. Nous y semons la culture aujourd’hui », lance d’un ton ragaillardi le doyen de la faculté. Ce lundi 1er avril avait lieu l’inauguration de l’Institut culturel franco-irakien. Un lieu symbolique de l’amitié entre la France et l’Irak, souhaite Jérôme Chartier, adjoint au conseil régional d’Île-de France, qui a fait le déplacement.
Échanges
L’objectif de ce centre est d’accompagner des étudiants dans l’apprentissage du français. Des professeurs y donneront des cours de langue. Des événements culturels autour de la francophonie et des projections seront régulièrement organisés. Tout cela avec l’intention première de créer un espace d’échanges, explique Martin Lafon, coordinateur du projet. Cette journée marque d’une pierre blanche la volonté bipartite de collaborer pour la reconstruction de la ville et de la société irakienne.
Un symbole fort qui s’inscrit parmi divers soutiens et projets supervisés par la France dans le nord de l’Irak : Expertise France, agence française d’expertise internationale, lance un projet de « revitalisation » du campus de Mossoul et de « professionnalisation » des étudiants, explique Fabrice Boussalem, directeur du bureau Irak de l’agence. Jérôme Chartier a profité de l’événement pour annoncer une autre initiative : un jumelage entre les étudiants en droit de Mossoul et ceux de l’université Panthéon-Assas Paris II.
Ville en deuil
Quelques projets qui réjouissent le recteur de l’université. « L’action de la France, en matière culturelle, à Mossoul est de loin la plus dynamique, » explique-t-il sourire en coin lors d’une réunion dans une pièce de l’un des anciens palaces de Saddam Hussein, devenue salle de réception. Des projets qui apportent un soupçon de joie dans le cœur des Mossouliottes alors que la ville est en deuil après le naufrage d’un ferry sur le Tigre, le 21 mars dernier. Plus de cent personnes, en majorité des femmes et des enfants, sont mortes. Les autorités, pompiers, police et volontaires, continuent de sillonner le fleuve à la recherche d’une cinquantaine de disparus.
Ce lundi, le maire de Mossoul a déclaré que les investigations se poursuivaient et que les coupables seraient condamnés. Un mandat d’arrêt a déjà été émis à l’encontre de l’ancien gouverneur de Mossoul, Nawfal al-Akoub, et deux de ses adjoints. L’homme politique était, entre autres, inquiété dans des affaires de corruption et a été tenu pour responsable de cette tragédie par les habitants.