Sur le papier, Ahmed Gaïd Salah, en tant que chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, est subordonné au président de la République qui reste le chef des armées. Sur le papier toujours, le chef d’état-major, lui dont le leitmotiv a toujours été que l’armée ne fait pas de politique, sort de ses prérogatives.
En pratique, l’armée est historiquement un des décideurs les plus importants du pays et Abdelaziz Bouteflika a fait d’Ahmed Gaïd Salah un des hommes les plus puissants, qui, depuis l’AVC du chef de l’État, est regardé comme l’arbitre de la succession.
C’est la raison pour laquelle depuis le début de la mobilisation populaire, le 22 février, ses discours sont analysés comme un baromètre de la décision politique : alors qu’il avait d’abord mis en garde contre les dérapages que pourraient provoquer les manifestations, il a progressivement salué le civisme et le pacifisme des marches puis déclaré le 18 mars : « En ayant un esprit de responsabilité, il est possible de trouver des solutions dans les plus brefs délais. » Cette évolution dans la rhétorique laissait donc imaginer une intervention imminente pour tenter de mettre fin à la crise politique.