Le Président tunisien Beji Caïd Essebsi a été interpellé pour violations des droits de l’Homme

Le Président tunisien Beji Caïd Essebsi a été mis en cause par l’Instance Vérité et Dignité sur des questions relatives à des violations des droits de l’Homme, entre 1962 et 1965 où il occupait de hautes fonctions sécuritaires sous la présidence d’Habib Bourguiba.

L’Instance Vérité et Dignité (IVD) tunisienne a publié, le 28 mars, son rapport global consacré aux violations des droits de l’Homme s’étalant sur la dernière année de l’occupation française en 1955 jusqu’aux derniers événements de l’année 2013. Dans ce document de plusieurs milliers de pages, l’IVD a mis en cause l’actuel Président de la République, Beji Caïd Essebsi, lorsqu’il occupait le poste de directeur de la sûreté nationale en 1962, puis celui de ministre de l’Intérieur en 1965, sous la présidence d’Habib Bourguiba.

«Les investigations effectuées par l’Instance ont prouvé que la torture était systématique et planifiée par les hauts responsables des affaires sécuritaires qui ont ordonné, incité, accepté et se sont tus sur la torture des victimes durant l’exercice de leurs fonctions», affirme le rapport.

Basant leur enquête sur des milliers de témoignages, les experts de l’IVD affirment dans leur rapport que les ministres de l’Intérieur ayant exercé sous Bourguiba, dont l’actuel chef de l’État, «étaient au courant que leur dirigeant avait commis des violations graves des droits de l’Homme». Ces ministres, selon l’IVD, «n’ont pas rempli le devoir qui leur incombe, en vertu des traités et conventions internationales, de protéger les détenus, ce qui les rend responsables pénalement au regard de la loi internationale».

L’Instance Vérité et Dignité affirme sur sa page Facebook que le Président Caïd Essebsi a accepté de recevoir une copie de son rapport.Contactée par l’AFP, la présidence tunisienne a refusé de réagir à ce rapport.

Après la révolution de 2011 en Tunisie ayant mis fin au pouvoir du Président Ben Ali, deux instances garantissant la défense des droits de l’Homme et l’indépendance de la justice, prévues par la nouvelle Constitution tunisienne adoptée en 2014, ont été créées.