Bruxelles épingle les réformes roumaines de justice

La Commission européenne a adressé un sévère avertissement à la Roumanie sur sa réforme controversée du système judiciaire, menaçant d’user «tous les moyens à sa disposition» si elle était adoptée.

«Je veux mettre en garde contre toute action du gouvernement qui entraverait le système judiciaire roumain en créant de facto une impunité systémique pour les hauts responsables politiques qui ont été condamnés pour corruption», a lancé le premier vice-président de la Commission Frans Timmermans lors d’un point presse à Bruxelles.

«On leur a donné toutes les indications pour éviter cette situation. Mais s’ils persistent, pour des raisons de politique interne, la Commission réagira avec force, elle réagira immédiatement», a assuré le commissaire ajoutant que l’exécutif européen utiliserait alors «tous les moyens à sa disposition». La Commission peut notamment lancer des procédures d’infraction contre des pays violant le droit européen, comme elle l’a une nouvelle fois fait mercredi contre la Pologne et sa réforme judiciaire. Ce type de procédures peuvent déboucher sur des sanctions financières.

L’exécutif européen surveille avec inquiétude les velléités du gouvernement de réformer le système judiciaire du pays à coup d’ordonnances. La Roumanie, qui occupe la présidence tournante de l’UE jusqu’en juillet, est divisée entre un président pro-européen de centre droit et un gouvernement de gauche très critique à l’égard des institutions européennes.

Pour l’opposition roumaine, le but des réformes judiciaires est d’alléger le casier judiciaire de nombreux élus et proches du parti au pouvoir, le PSD, tandis que ces derniers estiment de leur côté devoir corriger «les abus» des magistrats accusés de former un «Etat parallèle».