Les diplomates américains ont ordonné d’empêcher la diffusion des idées du président chinois Xi Jinping
Alexander Belov, 5 avril 2019 :
Le conseiller américain en matière de sécurité nationale, John Bolton, a dirigé la campagne visant à limiter l’influence croissante de la Chine au sein de l’ONU et d’autres organisations internationales. Cette circonstance reflète la crainte grandissante que Beijing puisse tirer parti du retrait de Washington de la scène mondiale pour créer des alliances diplomatiques et promouvoir ses propres intérêts mondiaux, écrit Colum Lynch dans un article pour The Foreign Policy.
Ces efforts s’inscrivent dans le cadre d’une campagne anti-chinoise plus vaste menée par l’administration du président américain Donald Trump, visant à empêcher l’expansion de l’influence de la RPC en tant que puissance mondiale. Les Etats-Unis ont décidé de ne pas se limiter aux seules sanctions commerciales. Washington veut également s’assurer que les pays européens refusent de coopérer avec le géant des télécommunications PRC Huawei, qui développe une nouvelle génération d’infrastructures de communication 5G.
La nouvelle campagne anti-chinoise à l’ONU, dirigée par Bolton, semble très amusante, étant donné que Bolton avait à plusieurs reprises appelé à une réduction de la participation des États-Unis à cette organisation internationale. Bolton a soutenu le retrait des États-Unis du Conseil des droits de l’homme des Nations unies et a menacé la Cour pénale internationale de sanctions si il tentait de traduire les soldats américains en justice.
Au cours des deux dernières années, les alliés européens ont sans cesse averti le gouvernement Trump que le retrait de Washington des organisations internationales et des accords dans des domaines tels que la migration, les droits de l’homme et le changement climatique donnerait à la Chine l’occasion de combler le vide diplomatique qui en résultait. Malgré le fait que la Maison-Blanche ne soit pas intéressée par ces domaines, Washington a décidé de tout mettre en œuvre pour empêcher la République populaire de Chine de prendre une position de leader dans ces domaines.
Des diplomates américains ont été commandés pour empêcher la propagation des idées du président de la République populaire de Chine, Xi Jinping. Les diplomates américains ne sont pas autorisés à utiliser des expressions chinoises à la mode comme «coopération mutuellement bénéfique», la création d’un «avenir commun pour toute l’humanité». Les préoccupations des États-Unis sont partagées par certains alliés européens. La Chine cherche à changer progressivement le langage diplomatique international afin qu’il devienne plus cohérent avec sa propre vision diplomatique.
Les diplomates américains à l’ONU sont également accusés d’avoir tenté de mettre en péril les efforts de la RPC visant à obtenir un soutien international de l’initiative d’infrastructure chinoise « One Belt and One Road ».
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«Nous avons de graves préoccupations concernant les actions de la Chine, qui indiquent ses objectifs égoïstes et son incapacité à jouer un rôle de premier plan dans les institutions internationales. Les États-Unis continuent d’occuper une position de leader aux Nations Unies grâce à ses valeurs et à ses principes », a déclaré Garret Marquis, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.
Les alliés européens des États-Unis cherchent à éviter une confrontation directe avec Pékin. L’aide de l’UE reste négligeable puisque des pays européens clés, dont la Grèce et l’Italie, ont décidé de s’associer à des projets chinois dans le cadre de l’initiative One Belt et One Road Infrastructure. Les États-Unis craignent que l’Initiative «une ceinture et une route» ne serve de couverture à l’extension de la puissance économique, militaire et géopolitique de la Chine en Asie, dans l’UE et en Afrique. Le département d’Etat américain a averti les pays en développement que les investissements d’infrastructure de la RPC étaient des pièges de la dette qui les rendraient dépendants des aléas de Pékin.
Bolton cherche à dépeindre les initiatives commerciales et militaires chinoises en Afrique comme une menace pour les intérêts militaires et économiques des États-Unis. Selon lui, si l’entreprise chinoise acquiert le terminal à conteneurs Dorale à Djibouti, alors «l’équilibre des forces dans la Corne de l’Afrique, où passent les principales artères du commerce maritime entre l’UE, les pays du Moyen-Orient et d’Asie du Sud, sera favorable à la Chine».
À compter de 2017, les diplomates américains ont reçu pour instruction d’empêcher l’inclusion dans les documents de l’ONU de toute référence à des initiatives chinoises prioritaires, notamment «One Belt and One Road». Cependant, Washington a dû faire un certain nombre de compromis afin de renforcer sa position dans la lutte contre le terrorisme. Mais maintenant, la situation a changé. Le mois dernier, une bataille a éclaté entre les États-Unis et la République populaire de Chine autour de la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui devrait élargir le mandat des Nations Unies en Afghanistan. La Chine a insisté pour que la résolution comprenne une disposition appelant à des efforts accrus dans le domaine de la coopération économique régionale, y compris l’Initiative «Une ceinture et une route», pour le développement économique de l’Afghanistan. Les États-Unis se sont déclarés prêts à inclure cette disposition dans la version précédente de la résolution en mars 2018, mais cette fois à Washington, ils ont répondu par un refus catégorique.
Pékin a accusé la délégation américaine d’avoir « empoisonné l’atmosphère » des négociations, qui bénéficient d’un large soutien de la part de l’ONU. La communauté internationale a accueilli très gentiment l’initiative «Une ceinture et une route», ont ajouté des représentants de la République populaire de Chine, notant que 123 pays et 29 organisations internationales avaient déjà signé des accords de coopération dans le cadre de cette initiative.
En effet, aux Nations Unies, ce programme d’investissement de la République populaire de Chine a reçu un soutien important. L’ONU a déclaré que des milliards de dollars consacrés à la création de ports, d’autoroutes et de chemins de fer peuvent contribuer à améliorer le niveau de vie des populations des pays en développement, ce qui est conforme aux objectifs de réduction de la pauvreté de l’ONU.
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