Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit « profondément inquiet » vendredi en quittant la Libye, où de violents combats ont éclaté entre les forces de Khalifa Haftar et celles du gouvernement de Fayez al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale, au sud de Tripoli.
Face au risque d’embrasement, le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir en urgence à 19H00 GMT à la demande du Royaume-Uni, pour discuter de la situation dans cet Etat pétrolier d’Afrique du nord, après des appels internationaux à la retenue.
Depuis le renversement en 2011 de Mouammar Kadhafi tué après huit mois de révolte, la Libye est plongée dans le chaos avec la présence de nombreuses milices ainsi que deux autorités rivales qui se disputent le pouvoir depuis 2015: le Gouvernement d’union nationale (GNA) dans l’ouest et l’Armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar dans l’est.
Au lendemain d’une rencontre avec Fayez al-Sarraj (GNA) à Tripoli, M. Guterres a rencontré à Benghazi (est) son principal rival, le maréchal Haftar (ANL), avec l’objectif, selon le patron de l’ONU, d' »éviter une confrontation militaire ».
« Je quitte la Libye avec une profonde inquiétude et un coeur lourd », a déclaré M. Guterres à l’aéroport de Benghazi (est), peu après sa rencontre avec le maréchal Haftar, « espérant toujours qu’il est possible d’éviter une confrontation sanglante à Tripoli et dans ses environs ».
Jeudi, les pro-Haftar ont lancé une offensive pour prendre Tripoli et progressé en direction de la capitale. Mais vendredi avant l’aube, ils ont été chassés après un « court accrochage » à un barrage à 27 km à l’ouest de Tripoli, selon une source de sécurité. Des dizaines de combattants pro-Haftar ont été faits prisonniers.
Selon un journaliste de l’AFP sur place, M. Sarraj, accompagné de commandants militaires, s’est rendu ensuite au barrage de sécurité, dans un convoi d’une vingtaine de véhicules, dont des pick-up armés de canons anti-aériens. Il a échangé avec les hommes armés avant de reprendre la route vers Tripoli.
L’ANL a pris position dans des régions qui lui sont acquises, notamment autour des villes de Gharian et Al-Assabaa (à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli), sans opérer de percée notable.
En fin de journée, de premiers combats significatifs ont éclaté entre les deux camps à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tripoli.
Selon une source de sécurité du GNA, les combats se déroulent à Soug al-Khamis, al-Saeh et Soug al-Sabt, une zone de fermes agricoles.
Le bureau média de l’ANL a pour sa part fait état sur sa page Facebook « de violents affrontements à la périphérie de Tripoli ».