Le procureur général d’Aix-en-Provence a transmis aujourd’hui à son homologue à la Cour de cassation la demande de dépaysement de l’enquête sur les blessures de la manifestante Geneviève Legay, lors d’une charge de police à Nice, le 23 mars.
Cette «requête aux fins de renvoi dans l’intérêt d’une bonne administration de la justice» a été transmise par le magistrat Robert Gelli au procureur général près la Cour de cassation, a annoncé le parquet général d’Aix à l’AFP.
Lors d’une manifestation interdite de «gilets jaunes» à Nice, Geneviève Legay, militante d’Attac âgée de 73 ans, a eu plusieurs côtes cassées et des fractures au crâne, suite à «l’action d’un policier» selon le procureur de Nice Jean-Michel Prêtre. Un policier a admis l’avoir repoussée du bras, tout en disant avoir respecté les ordres. Le dépaysement de l’information judiciaire ouverte à Nice pour «violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique» a été demandé par l’avocat de Geneviève Legay, Me Arié Alimi.
Il dénonce notamment le fait que le procureur ait nié dans un premier temps tout contact entre la manifestante et un policier et le fait que l’enquête ait été confiée, juste après les faits, à la sûreté départementale dont la cheffe est la compagne du commissaire chargé du commandement le jour de la manifestation. «J’espère que [la plus haute juridiction] prendra la mesure du problème, pour permettre à la justice d’être un peu plus sereine et de retrouver sa dignité», a réagi Me Alimi auprès de l’AFP.
«Après le départ [du préfet des Alpes-Maritimes Georges-François] Leclerc, visé par la plainte de Mme Legay» et nommé hier en Seine-Saint-Denis, «c’est au tour de la juridiction de Nice d’être écartée du dossier», a ajouté l’avocat. «On attend la suite de ce grand nettoyage» ainsi que des «décisions» sur le procureur de Nice, le commissaire chargé du commandement et sa compagne, a-t-il ajouté. Jeudi matin, le procureur de Nice a indiqué à l’AFP que l’enquête tentait de préciser «le geste à l’origine des blessures puisque (…) Mme Legay a indiqué à la presse qu’elle pense que ça pouvait être un coup de matraque».
«Il y a aussi un débat de caractère presque politique sur la légitimité de la violence et la conformité aux textes», ainsi que «sur la question de la proportionnalité et du mode de mise en oeuvre» de la force publique dans le cadre de cette manifestation interdite, a-t-il ajouté.