Selon le journal Al Hadath, l’armée soudanaise a annoncé ce jeudi la destitution du Président et du cabinet des ministres sur fond de manifestations contre le chef de l’État, au pouvoir depuis trois décennies.
Lors d’une réunion d’urgence ce jeudi, l’armée soudanaise a décidé de destituer le Président Omar el-Béchir et le cabinet des ministres, annonce la chaîne Al-Hadath.
Adel Mahjoub Hussein, ministre de la Production et des Ressources économiques du Darfour du Nord, a confirmé à Al-Hadath que le Président soudanais avait quitté ses fonctions.
Arrestations des ministres et des proches du Président
Selon Al Hadath, certains ministres et proches du chef de l’État, dont l’ancien ministre de la Défense Abdel Raheem Muhammad Hussein et le président du parti du Congrès national Ahmad Harun, ont été arrêtés.
Au total, environ 100 responsables auraient été arrêtés.
Des sources citées par Reuters affirment qu’Omar el-Béchir se trouve dans sa résidence présidentielle «sous étroite surveillance».
Création d’un conseil de transition
Une source militaire a déclaré que l’armée nationale annoncerait bientôt la création d’un conseil dirigé par les militaires.
Plus tôt, la télévision d’État soudanaise avait informé que l’armée entendait diffuser «une importante déclaration».
Situation dans la capitale soudanaise
Selon Reuters, des personnes scandent dans les rues de Khartoum: «Il est tombé, nous avons gagné!».
Celebrations are not isolated to east #Khartoum, this footage, from a few minutes ago near Kalakla Lafa Market (سوق الكلاكلة اللفة) in Al-Kalakla shows how proud #Sudan is. Video geolocated here: https://t.co/lNAzjuKEas #موكب11ابريل #اعتصام_القيادة_العامة #SudanUprising pic.twitter.com/opxdquvzbY
— Benjamin Strick (@BenDoBrown) April 11, 2019
L’agence informe également que des véhicules militaires soudanais étaient déployés jeudi matin sur les ponts enjambant le Nil et dans les grandes artères de la capitale.
Selon les médias, l’aéroport de Khartoum a été fermé.
Manifestations au Soudan
Depuis plusieurs mois, le pays est secoué par les manifestations. Déclenchées le 19 décembre par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, elles se sont rapidement transformées en un mouvement de contestation contre M. Béchir, à la tête du pays depuis 1989.
Dès le samedi 6 avril, des milliers de Soudanais ont commencé à se réunir devant le quartier général de l’armée afin de défier le pouvoir d’Omar el-Béchir. Les manifestants ont fait face à plusieurs reprises à des assauts du service de renseignement NISS, qui a tenté en vain de les disperser à l’aide de gaz lacrymogènes, selon les organisateurs des manifestations cités par l’AFP.
L’agence de presse Suna a rapporté que 11 personnes, dont six membres des forces de l’ordre, sont décédées le 9 avril dans des incidents similaires.