Quelques milliers de gilets jaunes manifestent samedi pour l’acte 22 du mouvement, principalement à Toulouse, « capitale » d’un jour, où la tension est montée en début d’après-midi entre police et manifestants, peu avant des annonces d’Emmanuel Macron censées mettre un terme à une crise de près de cinq mois.
« Le grand débat, grand blabla », « Macron on n’attend rien de vos annonces », pouvait-on lire sur les pancartes du petit cortège parisien. « Pour que le mouvement s’arrête il faudrait qu’il annonce le RIC (référendum d’initiative citoyenne) et la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité », explique Phil, un brancardier de 58 ans, protestataire depuis le premier jour du mouvement, le 17 novembre.
À Toulouse, « capitale » du jour pour les manifestants, la tension est un peu montée entre le cortège et les forces de l’ordre, qui ont lancé gaz lacrymogènes et grenades assourdissantes pour réduire le périmètre de la manifestation, interdite de centre-ville et de place du Capitole. En début d’après-midi, dans le centre, une remorque de chantier et une camionnette ont été incendiées. « Vous avez vu: tout se passait bien et ils nous gazent » s’est indigné auprès de l’AFP Maxime Nicolle, dit Fly Rider, une des figures du mouvement, venu en renfort dans la ville, tout comme Priscillia Ludosky, autre figure des « gilets jaunes ».
Cette manifestation, comme celles de Bordeaux (quelques centaines de personnes), Laval (environ 400), sont les premières à se dérouler sous le coup de la loi anticasseurs, particulièrement ciblée par les gilets jaunes. Le texte laisse au pouvoir « encore plus la liberté de faire tout et n’importe quoi » contre le mouvement, a déploré Mme Ludosky. « Ma liberté de donner mon opinion aujourd’hui elle m’est interdite, si je me masque le visage on peut me mettre en garde à vue, je suis scandalisée », s’indigne dans le cortège toulousain Pauline, une trentenaire « gilet jaune » de la première heure, venue de l’Ariège voisine. Pour Sophie Tissier, autre personnalité du mouvement, qui manifeste à Paris, « cette loi est une atteinte à notre droit de manifester » et « va ouvrir la voie à des dérives de la part de la police ».
Sur le Vieux-Port de Marseille quelques centaines de gilets jaunes étaient réunis, puis jusqu’à deux mille selon nos constatations. La manifestation était globalement calme même si son parcours a été très incertain : les gilets jaunes se sont d’abord orientés vers Notre-Dame-de-la-Garde, avant de changer d’avis, de s’assoir brièvement devant l’entrée du tunnel Prado-Carénage, puis de faire route vers la Canebière.
À l’approche du Centre Bourse, les commerçants ont été prudents, baissant provisoirement leur rideau métallique, avant que les manifestants ne décident de se rendre devant les Terrasses du Port à La Joliette, où le centre commercial a opté pour la même stratégie. C’est ici vers 17h20 que le ton est monté : la police a fait usage de gaz lacrymogènes et a chargé pour disperser la foule.