Le procureur de Nice a été mis en cause dans la gestion controversée de l’affaire Geneviève Legay, une manifestante gravement blessée lors de l’acte 19 des Gilets jaunes. La Justice attend ainsi des explications suite à la volte-face de Jean-Michel Prêtre, qui a fini par affirmer qu’elle avait été poussée par un policier.
L’affaire Geneviève Legay, porte-parole d’Attac 06 qui avait été victimes de fractures lors de l’acte 19 à Nice, prend une nouvelle tournure. Jean-Michel Prêtre, procureur de Nice, qui, en contradiction avec ses déclarations initiales, a fini par reconnaître que Mme Legay avait été poussée par un policier, a été convoqué au ministère de la Justice, selon la Chancellerie. À ces fins, la direction des services judiciaires du ministère «a saisi officiellement […] le procureur général d’Aix-en-Provence».
«Au vu de l’analyse du procureur général et des explications de l’intéressé, la ministre Nicole Belloubet appréciera les suites à donner», a déclaré la Chancellerie à l’AFP, indiquant qu’«un retour rapide» était «attendu».
Jean-Michel Prêtre est notamment mis en cause pour avoir confié l’enquête sur les blessures de la septuagénaire à Hélène P., compagne du commissaire Rabah Souchi, chargé des opérations le jour des manifestations. Le procureur de la République de Nice a confirmé être au courant des liens entre les deux, ajoutant qu’il ne voyait pas en quoi cela posait problème.
Le 29 mars, l’affaire Legay a été confiée à des juges d’instruction de Nice, lesquels ont été saisis d’une information judiciaire pour «violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique», ce qui a poussé l’avocat de la manifestante à solliciter le dépaysement. Après avoir refusé une première demande, le magistrat Robert Gelli a transmis le 11 avril une requête en ce sens au procureur général près la Cour de cassation. La plus haute juridiction judiciaire devra se prononcer.Geneviève Legay, militante d’Attac 06 dans les Alpes-Maritimes et militante parmi les Gilets jaunes, a été hospitalisée après l’acte 19 pour «hémorragie méningée frontale gauche, hématome occipital droit, hématome cérébelleux droit, fracture de l’os rocher droit, fracture de l’os pariétal droit, fracture médico-sphénoïdale». Selon son avocat, Me Arié Alimi cité par Mediapart, «lorsque Madame Legay s’est réveillée à l’hôpital, le samedi 23 mars 2019, elle a indiqué que des policiers sont venus à deux reprises dans sa chambre et qu’une policière a essayé avec insistance de lui faire dire que c’était un caméraman qui l’avait bousculée, et non les forces de l’ordre».