Le candidat de l’opposition devenu maire d’Istanbul

Le candidat de l’opposition Ekrem Imamoglu a été proclamé vainqueur des élections municipales à Istanbul par l’autorité électorale qui lui a délivré son mandat de maire mercredi, a annoncé son parti.

Ekrem Imamoglu a reçu ce document, délivré par le Haut Comité électoral (YSK), en dépit d’un recours introduit la veille par le parti du président Recep Tayyip Erdogan exigeant la tenue d’un nouveau scrutin au prétexte que celui du 31 mars avait été entaché d’« irrégularités ».

Ekrem Imamoglu, candidat du parti d’opposition CHP (social-démocrate), a été acclamé par des dizaines de ses partisans en arrivant aux bureaux de l’YSK dans le complexe abritant le palais de justice à Istanbul, selon un correspondant de l’Agence France-Presse. « Ekrem Imamoglu a obtenu son mandat. Nous allons à présent nous rendre tous au siège de la mairie », a annoncé à la foule le député CHP Engin Altay, perché à l’un des balcons du palais de justice. Selon le CHP, la passation des pouvoirs doit avoir lieu à 15 heures GMT à la mairie d’Istanbul, contrôlée depuis vingt-cinq ans par des élus issus de la mouvance islamiste.

L’AKP en tête à l’échelle nationale

« Je suis tellement heureuse », a dit à l’Agence France-Presse Ilayda Pembe, une étudiante en architecture de 25 ans et sympathisante du CHP présente dans la foule devant les bureaux de l’YSK. « J’avais commencé à croire qu’il n’aurait jamais son mandat. » Le parti du président Erdogan avait officiellement déposé mardi un recours pour demander la tenue d’un nouveau scrutin à Istanbul, affirmant que celui qui s’est tenu le 31 mars avait été marqué par des « irrégularités ». L’AKP affirme avoir fourni à l’YSK « trois valises pleines de documents » étayant ses accusations. Ce recours extraordinaire est intervenu plus de deux semaines après le scrutin, au moment où des opérations de recomptage touchaient à leur fin à Istanbul.

D’après les résultats provisoires de ces élections municipales, l’AKP de Recep Tayyip Erdogan est arrivé en tête à l’échelle nationale, mais a subi un cuisant revers en perdant la capitale Ankara et la plus grande ville du pays, Istanbul, sur fond de récession économique. Refusant de concéder la défaite à Istanbul, Recep Tayyip Erdogan a dénoncé des « irrégularités » massives et commises, selon lui, de manière « organisée ».

L’AKP affirme que des bureaux de vote ont minimisé le nombre de voix obtenues par son candidat, l’ex-Premier ministre Binali Yildirim, et soutient que plusieurs milliers de personnes ont été indûment inscrites sur les registres électoraux. Le parti présidentiel a déposé depuis deux semaines plusieurs recours auprès de l’YSK qui ont conduit à un recomptage partiel, en majorité des quelque 300 000 voix comptabilisées comme nulles le jour du scrutin. Mardi soir, le recomptage a pris fin dans le district stambouliote disputé de Maltepe, confirmant la victoire de Ekrem Imamoglu avec 13 500 voix d’avance sur son rival, selon le CHP.

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