La Turquie a vivement critiqué vendredi le président français Emmanuel Macron pour avoir reçu plus tôt dans la journée une délégation de combattants arabo-kurdesengagés en Syrie qu’Ankara qualifie de « terroristes ».
« Nous condamnons l’accueil par le président français Emmanuel Macron d’une délégation des soi-disant “Forces démocratiques syriennes” (FDS) », a déclaré dans un communiqué le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy.
Le chef de l’Etat français a reçu vendredi une délégation des FDS, une coalition arabo-kurde engagée en Syrie contre le groupe Etat islamique (EI), l’assurant de « la poursuite du soutien actif de la France dans la lutte contre Daech ».
Selon des membres de la délégation, M. Macron s’est engagé à maintenir des forces françaises aux côtés des FDS et à soutenir financièrement la reconstruction et les services publics dans l’administration semi-autonome kurde.
Appuyées par une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis, les FDS, un groupe dominé par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), ont été en première ligne de la lutte contre l’EI.
Les FDS ont annoncé le 23 mars la fin du « califat » proclamé en 2014 par l’organisation djihadiste sur les territoires alors conquis en Irak et en Syrie. Depuis, ces forces, qui contrôlent une partie du territoire du nord de la Syrie, continuent à traquer les djihadistes dans l’est du pays.
Mais la Turquie critique le soutien des Occidentaux à ces combattants, voyant dans les YPG une extension en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe armé kurde qui livre une sanglante guérilla contre Ankara depuis 1984.
Le PKK est qualifié d’organisation « terroriste » par la Turquie, l’Union européenne et les Etats-Unis.
L’initiative de M. Macron « qui vise à conférer une légitimité artificielle à une extension de groupes terroristes est une mesure qui ne sied pas à notre alliance et est mauvaise au plus haut point », a estimé M. Aksoy.
Depuis 2016, la Turquie a lancé deux offensives visant les positions des YPG dans le nord de la Syrie et menace régulièrement de lancer de nouvelles opérations.
Ankara redoute en effet de voir s’installer le long de sa frontière un embryon d’Etat kurde susceptible de renforcer les velléités séparatistes sur le sol turc.
« La Turquie n’hésitera pas à prendre les mesures qu’elle estime nécessaires pour protéger sa sécurité nationale », a déclaré vendredi le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères.