Le chef de la diplomatie russe s’est prononcé ce vendredi sur l’évolution du Nord Stream 2. Il estime que les tentatives de Washington de faire entrave à ce projet et la position de la Commission européenne sont inquiétantes.
Sergueï Lavrov, qui a participé ce vendredi au Conseil international pour la coopération et les investissements de l’Union russe des industriels et des entrepreneurs, a critiqué l’opposition de Washington à la réalisation du projet Nord Stream 2.
«L’intervention des États-Unis dans le processus de réalisation du projet Nord Stream 2 est désinvolte. Il suffit de rappeler les déclarations de l’ambassadeur des États-Unis à Berlin, qui demandait au gouvernement allemand de changer sa position et d’aller à l’encontre de ses intérêts», a-t-il déclaré.
Le chef de la diplomatie russe a par ailleurs indiqué que l’attitude de l’UE envers la construction de ce gazoduc était aussi inquiétante.
«Ce qui se passe avec le Nord Stream suscite une grande anxiété. La Commission européenne a initialement obtenu un avis juridique stipulant que le Nord Stream 2 ne violait en aucune façon la directive gazière. Ensuite, elle a tout fait afin d’introduire des amendements à cette directive gazière qui impose les règles de manière rétroactive pour les investissements déjà effectués», a-t-il ajouté.
Le Conseil européen a adopté le 15 avril des amendements à la réglementation européenne sur le marché du gaz. Le but était de s’assurer que les gazoducs provenant de pays tiers soient eux aussi couverts par la législation de l’UE.
Le nouveau texte entrera en vigueur 20 jours après sa publication dans le Journal officiel de l’Union européenne. Les pays membres auront alors neuf mois pour transposer cette directive dans leurs législations nationales.
Le projet Nord Stream 2 prévoit la construction de deux conduites longues de 1.200 km reliant le littoral russe à l’Allemagne par la mer Baltique. Sa capacité totale sera de 55 milliards de mètres cubes par an. Le chantier doit se terminer avant la fin de l’année 2019 et le coût du projet est évalué à 9,9 milliards d’euros.
Néanmoins, son lancement risque d’être retardé à cause de la position du Danemark, le seul pays qui n’ait pas encore donné son feu vert. Fin mars, l’Agence énergétique danoise a réclamé un examen environnemental pour un possible troisième itinéraire.
En 2017, Copenhague avait adopté une loi permettant de bloquer la construction du gazoduc dans ses eaux territoriales pour des raisons de sécurité nationale. Par la suite, le groupe Nord Stream 2 AG avait annoncé avoir présenté aux autorités danoises deux projets d’itinéraires alternatifs.