Le premier ministre, Edouard Philippe, a défendu ce mercredi la décision de la France de faire du 24 avril la journée de commémoration annuelle du génocide arménien de 1915, un sujet à la source de tensions diplomatiques avec la Turquie qui conteste le terme de «génocide».
«Plus d’un siècle après, regarder l’horreur en face est un préalable pour rendre justice», a dit le chef du gouvernement français lors d’une cérémonie à Paris. «Mener un travail de mémoire et d’histoire, courageux et rigoureux, est l’unique manière d’emprunter un chemin de résilience.»
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«En rendant hommage aux victimes du génocide arménien, la France est fidèle à elle-même, fidèle à ses valeurs, c’est son honneur que de l’assumer», a-t-il ajouté. «Elle ne se laissera impressionner par aucune pression ni par aucun mensonge. Ce que nous recherchons, c’est l’exactitude historique, et la réconciliation.» Selon Erevan, 1,5 million d’Arméniens ont été tués de manière systématique à la fin de l’Empire ottoman entre 1915 et 1917. La Turquie reconnaît qu’un grand nombre d’Arméniens ont été tués par les Turcs durant cette période mais conteste l’idée qu’il y ait eu une volonté systématique de les exterminer, rejetant de ce fait le terme de «génocide».
Le génocide arménien, qui est reconnu officiellement en France depuis 2001, est commémoré chaque année le 24 avril en Arménie et dans le Haut-Karabagh, région séparatiste d’Azerbaïdjan peuplée majoritairement d’Arméniens. Cette date, qui correspond à la rafle et la déportation de plusieurs centaines d’intellectuels arméniens le 24 avril 1915 à Constantinople, a été reprise par Emmanuel Macron qui a annoncé son intention début février dernier d’en faire la journée de commémoration annuelle du génocide, en France. Cette décision a suscité l’ire de la Turquie qui a prévenu, mi-avril que ce geste aurait «inévitablement un impact négatif» sur les relations entre Paris et Ankara.
«En instaurant cette journée de commémoration, la France entend contribuer à faire reconnaître le génocide arménien comme un crime contre l’humanité, contre la civilisation», a souligné Edouard Philippe ce mercredi. «La position de la France est constante contre toutes les formes d’oubli, d’indifférence ou de négation qui sont au fond une nouvelle tentative d’anéantissement, car tout génocide porte avec lui, en lui, la tentative de nier le crime commis et d’en camoufler les traces.»