Un mois après que le Haut-commissaire aux droits de l’Homme de l’Onu a réclamé une enquête sur «l’usage excessif de la force» lors du mouvement des Gilets jaunes, Paris a opposé sa réponse. Selon Le Monde, Paris justifie l’usage d’armes de force intermédiaire et insiste sur les conditions «particulièrement difficiles» du maintien de l’ordre.
Le Monde s’est procuré la réponse française aux accusations du Haut-commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, concernant «l’usage excessif de la force» par la police lors du mouvement des Gilets jaunes. Un argumentaire de 21 pages, que Le Monde a consulté et qui résume la stratégie de défense du gouvernement face aux accusations de violences policières, a été transmis à l’institution le 11 avril, via sa mission permanente à Genève.
Selon le quotidien, Paris défend tous les moyens de force intermédiaire permettant de maintenir une «distance qui est garante d’un maximum de sécurité, tant pour les forces de l’ordre que pour les personnes qui leur font face, en évitant le contact direct et les blessures subséquentes».Pour appuyer sa thèse, le gouvernement français invoque un cadre légal applicable qui n’est plus celui de la «manifestation» mais de «l’attroupement»:
«À aucun moment le LBD n’est utilisé à l’encontre de manifestants, même véhéments, si ces derniers ne commettent pas de violences physiques, notamment dirigées contre les forces de l’ordre ou de graves dégradations. Mais alors il ne s’agit plus de manifestants, mais de participants à un attroupement violent et illégal», explique ainsi le document, rappelant que «les policiers ont recours au LBD lorsqu’il est nécessaire de dissuader ou de stopper une personne violente ou dangereuse».
En outre, le document insiste sur les conditions «particulièrement difficiles» auxquelles ont été soumis policiers et gendarmes:
«Ces manifestations ont été marquées par des violences graves commises par certains manifestants, à l’encontre des forces de l’ordre, des journalistes présents ou d’autres personnes. Il faut également souligner que des propos, inscriptions et agressions à caractère raciste, antisémite ou homophobe ont été constatés au cours ou en marge des mobilisations».Le 6 mars, le Haut-commissaire de l’Onu aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a demandé à la France d’ouvrir une enquête sur «l’usage excessif de la force» pendant les manifestations des Gilets jaunes. En réagissant sur ce discours, le porte-parole du gouvernement français de l’époque, Benjamin Griveaux, s’était étonné que la France se soit retrouvée sur «une liste entre le Venezuela et Haïti».