Quinze personnes, en majorité des civils, ont été tuées mercredi par une explosion à Jisr al-Choughour, une ville de la province d’Idleb, dernier bastion djihadiste dans le nord-ouest de la Syrie, a rapporté L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
L’origine de la déflagration qui s’est produite près d’un marché n’a pas encore été établie selon cette ONG qui dispose d’un large réseau de sources dans la Syrie en guerre. Treize civils figurent parmi les victimes de cette explosion, dont la fille d’un combattant étranger, selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH. «Il n’est pas encore clair à ce stade si c’est une voiture piégée ou une voiture transportant des explosifs qui est à l’origine de la déflagration», selon le directeur de l’OSDH.
Le Parti islamique du Turkestan, une formation de djihadistes étrangers émanant de la minorité musulmane des Ouïghours a une large présence à Jisr al-Choughour, tandis que le groupe Etat islamique (EI) dispose de cellules dormantes dans la région d’Idleb. La province d’Idleb est dominée par Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche d’Al-Qaïda), une organisation djihadiste ayant renforcé en début d’année son emprise sur ce territoire face à des rebelles affaiblis. Depuis septembre 2018, elle fait l’objet d’un accord négocié par Moscou, allié du régime, et Ankara, qui parraine certains groupes rebelles, prévoyant la mise en place d’une «zone démilitarisée» séparant les secteurs djihadistes et insurgés des zones gouvernementales attenantes.
L’accord russo-turc a permis à la province d’éviter une offensive d’envergure de l’armée syrienne. Le régime a toutefois continué d’y mener des frappes à l’artillerie, qui sont devenues plus régulières depuis février. Le président syrien Bachar al-Assad a appelé le 19 avril à la mise en oeuvre de cet accord, rappelant que l’objectif était «d’éliminer les groupes terroristes» d’Idleb, qui selon lui «attaquent les civils dans les zones sûres attenantes». Déclenché en mars 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 370.000 morts et déplacé plus de 13 millions de personnes.