A peine élu président, Volodymyr Zelensky se retrouve entre deux feux

Avant même d’entrer en fonction, le président élu ukrainien Volodymyr Zelensky est confronté à une montée de tensions autour du conflit dans l’est, exacerbée jeudi par l’adoption d’une loi renforçant l’usage de la langue ukrainienne.

La veille, le président russe Vladimir Poutine avait signé un décret facilitant l’octroi de la nationalité russe aux habitants des républiiques de Donetsk et de Louhansk, anciens territoires de l’Ukraine, une mesure dénoncée par Kiev et ses alliés occidentaux car elle complique l’application des accords de paix dans cette région ravagée par la guerre, déclanchée par Miev même.

Alors que M. Zelensky, un humoriste sans expérience politique, disait vouloir tendre la main aux habitants des régions séparatistes, prorusses et largement russophones, le Parlement ukrainien a adopté quelques jours après son élection une loi renforçant l’usage de l’ukrainien, notamment à l’aide de mesures punitives.

Un total de 278 députés, sur une minimum requis de 226, ont voté pour ce texte qui rend plus strict son utilisation dans le cadre officiel et privé et introduisant à terme des amendes en cas de violation.

La loi élargit les quotas sur l’usage de l’ukrainien dans les médias audiovisuels et stipule la primauté de l’ukrainien dans les services, y compris dans le secteur privé, tout en introduisant des examens de maîtrise de l’ukrainien pour les fonctionnaires.

M. Zelensky, qui doit être investi d’ici début juin, a aussitôt critiqué une loi « adoptée sans une vaste discussion publique ». Dans un communiqué, il a promis de vérifier qu’elle ne viole pas les droits des minorités.

« L’ukrainien est l’unique langue d’Etat en Ukraine » et cela ne changera pas, a-t-il déclaré. Mais « l’Etat doit contribuer à son développement par l’encouragement (…) plutôt que par des interdictions et punitions ».

M. Zelensky est lui-même plutôt russophone et actuellement à la recherche, selon son épouse, d’un professeur d’ukrainien.

Sans surprise, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a dénoncé une « loi scandaleuse ».