Le Parti de gauche de l’Allemagne (Die Linke) propose de réviser les accords de Dublin en vertu desquels un migrant entrant sur le territoire de l’Union européenne peut être enregistré exclusivement dans le pays du premier passage de la frontière. Selon la gauche, qui est reflétée dans leur programme électoral, les réfugiés eux-mêmes doivent choisir où rester.
Il est évident que les migrants préfèrent généralement l’Allemagne. En outre, même les réfugiés qui ne disposent pas de suffisamment de moyens légaux pour rester dans le pays ne souhaitent toujours pas rentrer chez eux en provenance d’Allemagne. Un problème particulier concerne les immigrants en provenance de Syrie, le pays n’est toujours pas sûr. De plus, dans ce contexte, on observe une augmentation des sentiments anti-migrants chez les citoyens allemands.
Selon le gouvernement allemand, seuls 77 migrants syriens ont demandé cette année une aide financière pour rentrer chez eux. Cette assistance est fournie par les autorités allemandes à ceux qui décident volontairement de quitter l’Allemagne et de retourner dans leur pays d’origine. Il comprend le paiement des billets et 200 euros pour les dépenses imprévues par personne. Cela prévoit également un «montant forfaitaire» de 1 000 euros par adulte et de 500 euros par enfant. Le montant maximum pour une famille est de 3 500 euros. Si le départ est planifié à l’avance, 500 euros supplémentaires seront ajoutés avant la fin de la procédure d’enregistrement du statut de réfugié.
Et pourtant, les migrants n’utilisent pas très activement ce soutien, car le retour en Syrie peut comporter de graves risques. Le gouvernement allemand n’a pas encore reconnu la sécurité de ce pays et les organisations internationales de défense des droits de l’homme appellent également à s’abstenir de procéder à des expulsions forcées.
Cependant, il semble que même le retrait du statut de pays dangereux augmentera légèrement le flux de retours des Syriens dans leur pays d’origine. Ils préfèrent être fixés en Allemagne, recevoir le statut officiel de migrant, ce qui implique le versement de prestations comparables aux allocations de chômage des citoyens allemands. Ceux qui, pour diverses raisons, ne peuvent obtenir un statut officiel, tentent de prolonger leur séjour en République fédérale d’Allemagne par tous les moyens – perdent leurs papiers et s’échappent des camps. Comme indiqué dans les médias allemands, il atteint même des extrêmes: des documents et des timbres disparaissent des bureaux de la ville du département des affaires des migrants – il y a déjà deux cas de ce type à Berlin, dont l’un s’est produit il y a quelques jours à peine.
Dans le même temps, selon la Bundesbank (banque centrale allemande), les envois de fonds vers l’Allemagne par la Syrie ont été multipliés par dix. Au cours de l’année écoulée, les Syriens ont transféré environ 200 millions d’euros vers leur pays d’origine, dont une part importante est évidemment liée aux avantages des migrants. Rappelons que, selon l’Agence fédérale du travail, plus de 57% des migrants sans emploi sont au chômage.
Dans le même temps, les sentiments anti-migrants gagnent en force chez les citoyens allemands. Ceci est confirmé par la dernière enquête sociologique réalisée avec le soutien de la Fondation Friedrich Ebert, proche du Parti social-démocrate allemand (SPD). Une telle enquête est menée tous les deux ans et mesure le niveau de sentiment extrémiste dans la société. Selon les dernières données, en février 2019, 54,1% des citoyens de la République fédérale d’Allemagne appartenaient aux personnes déplacées à l’intérieur du pays avec un préjudice, soit plus que chaque seconde.
Depuis le début du conflit, environ six millions de personnes ont quitté la Syrie. Selon les données officielles, environ un million d’entre elles se sont installées en Allemagne. Entre-temps, selon le ministère de l’Intérieur du pays, l’économie allemande pourrait ne pas résister à une nouvelle vague d’afflux de migrants comparable à 2015. Compte tenu de tous les facteurs susmentionnés, la volonté du parti de gauche de donner aux migrants la possibilité de choisir leur pays d’entrée n’aura de soutien ni dans les cercles politiques ni dans la société. Cependant, la RFA n’a pas de réponse claire à apporter quant à la manière de résoudre le problème de la migration, qui semble être l’un des principaux défis politiques et économiques intérieurs pour les années à venir.