Un ancien professeur d’éducation physique dans une école catholique a été condamné ce lundi à Barcelone à près de 22 ans de prison pour agressions sexuelles sur mineurs, alors qu’une vague de dénonciations d’actes pédophiles secoue l’Eglise espagnole.
Il s’agit de la première condamnation judiciaire dans un scandale qui avait éclaté en 2016 dans les écoles Maristes de Barcelone, avec plus de 40 plaintes contre 12 professeurs et qui a contribué à rompre le silence qui régnait jusqu’alors en Espagne sur les agressions sexuelles au sein de l’Eglise et des écoles catholiques.
Dans un communiqué, un tribunal de Barcelone a annoncé avoir «condamné à 21 ans et neuf mois» cet homme «accusé de quatre délits d’abus sexuels». Il devra en outre verser une indemnisation totale de 120.000 euros aux quatre victimes. Cette somme devra être prise en charge par l’assureur des Maristes si le condamné s’avère insolvable.
Ce professeur, Joaquin Benitez, avait enseigné pendant près de trente ans dans une école de cette congrégation à Barcelone. Fin mars, il avait dû répondre devant le tribunal aux accusations de quatre anciens élèves de l’école. Selon le tribunal, «l’accusé disposait d’un bureau personnel avec un lit de repos où il emmenait les élèves pour réaliser des massages censés soulager d’éventuelles lésions» et commettait alors des actes sexuels «sans le consentement des mineurs» âgés de 14 à 15 ans.
Les victimes avaient été auditionnées à huis clos, pour témoigner des agressions décrites dans les plaintes: attouchements, masturbations, fellations et rapports sexuels. Au total, 17 anciens élèves avaient dénoncé des agressions sexuelles de sa part mais les faits étaient prescrits dans la plupart des cas. Au procès, l’accusé avait demandé «pardon» aux victimes et s’était justifié en mettant en avant les agressions qu’il aurait lui-même subies, enfant, dans un internat catholique. «Instinctivement, je voyais cela comme un comportement pratiquement normalisé», avait-il déclaré.
Cette affaire a ouvert la porte à une série de révélations sur des agressions sexuelles présumées sur mineurs qui ont amené l’Eglise espagnole à demander publiquement pardon en novembre 2018. Interrogé par le tribunal, un responsable de la Congrégation avait nié avoir été au courant des agressions et s’était défendu en rappelant avoir dénoncé Benitez à la justice après la première plainte en 2011.