Syndicats veulent se faire entendre entre « gilets jaunes » et casseurs, le Premier mai

Passés au second plan depuis le début de la crise des « gilets jaunes », les syndicats veulent saisir l’occasion du 1er Mai pour se faire entendre, malgré les menaces des casseurs qui veulent en faire une « journée d’apocalypse ».

La CGT, FO, la FSU, Solidaires, l’Unef et l’UNL ont appelé à un défilé afin d' »amplifier les batailles pour que les urgences sociales et climatiques soient enfin prises en compte par le gouvernement et le patronat ».

Dans un communiqué, ils préconisent « une forte journée de mobilisation » « pour l’amélioration des droits des travailleurs-se-s, pour le progrès social, la paix et la solidarité internationale ».

Ils manifesteront ensemble à Paris dans l’après-midi de Montparnasse à la place d’Italie en passant par les boulevards de Port-Royal, Saint-Marcel et de l’Hôpital. Un parcours fortement sécurisé où tous les commerces, débits de boissons et restaurants devront être fermés le temps de la manifestation.

Deux axes de délestage sont prévus, l’un par les boulevards Saint-Jacques et Auguste-Blanqui et l’avenue des Gobelins, et l’autre par les avenues de l’Observatoire et Denfert-Rochereau.

Le secrétaire général de FO, Yves Veyrier, ne se joindra pas au défilé parisien et manifestera à Marseille, selon son entourage.

Les syndicats « réformistes » organiseront une mobilisation propre, comme à l’accoutumée: la CFDT, la Fage, la CFTC et l’Unsa seront dans la matinée place de l’Odéon, également à Paris, avec comme mot d’ordre « pour une Europe sociale et environnementale ».

« A l’heure où les populismes gagnent du terrain en Europe et en France, à quelques semaines des élections européennes, la CFDT (…) a décidé de faire du 1er Mai 2019 une occasion de poursuivre son engagement pour une Europe sociale et environnementale », selon un communiqué.

Peur des « black blocs »

Depuis plusieurs mois, en dépit de plusieurs journées de mobilisation, CGT et FO ont été de leur côté éclipsées par les « gilets jaunes ». Elles n’ont pas participé non plus au grand débat national censé répondre à la crise sociale, organisé par l’exécutif.

FO, qui s’est en outre retirée de la concertation sur les retraites, a d’ailleurs déploré qu’Emmanuel Macron ait, à l’issue du débat national, « confirmé les orientations mises en oeuvre depuis le début du quinquennat ».

De son côté, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a jugé qu' »il n’y avait rien » dans les annonces du Président. « Il ne s’attaque pas aux vrais problèmes, c’est-à-dire comment on a un meilleur partage des richesses ».

Mais les syndicats craignent que leurs revendications ne passent inaperçues alors que « gilets jaunes » et « black blocs » appellent à transformer Paris en « capitale de l’émeute ».

Des appels à un 1er Mai « noir et jaune » ont été lancés sur les réseaux sociaux.

« On sait bien que les ultraviolents, ultragauche mais aussi des ‘ultrajaunes’ viendront pour casser sur Paris et pas seulement sur Paris », a prévenu le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.

« Depuis 2016, on est confronté à ce qu’on appelle des casseurs qui perturbent les manifestations syndicales à tel point que parfois certains de nos camarades hésitaient à venir manifester », a admis M. Veyrier.

« On a bien l’intention de préserver notre droit et notre liberté de manifester y compris dans ce contexte », a-t-il souligné. « On va faire en sorte que nos militants, nos adhérents, ceux qui vont venir manifester avec nous, puissent venir manifester en toute sécurité ».

Le député LR Eric Ciotti a regretté que les groupuscules d’extrême gauche, notamment les « black blocs », ne soient « pas interdits de manifester ».

Le défilé du 1er Mai 2018 avait vu environ 14.500 personnes, selon les autorités, manifester dans Paris. Au milieu, 1.200 « black blocs », selon la police. La manifestation avait été marquée par les images de dégradations, d’un McDonald’s en feu face à la gare d’Austerlitz et de manifestants bloqués sur le pont du même nom. C’est aussi en marge de ce défilé que l’ex-collaborateur de l’Elysée, Alexandre Benalla, avait commis des violences à l’encontre d’un couple.

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