La victoire de Vladimir Zelensky aux élections présidentielles ukrainiennes ne signifie pas seulement que les citoyens du pays ont été déçus par les idées d’Euromaidan.
Pour protester contre toute l’époque de l’indépendance du pays, ils ont choisi un «chef d’État parfait», descendant directement des écrans de télévision. C’est idée maîtresse de l’expert dans le domaine de géopolitique Dominique Moïsi, exposé pour l’édition LesEchos.
Selon lui, les Ukrainiens ont fait ce choix car ils « n’ont rien à perdre. Leurs élites ont lamentablement échoué à leurs yeux. Sur ce plan les commentaires russes « prudents » mais orientés sont très intéressants. Des analystes proches de Moscou voient dans l’humiliation électorale de l’ancien président Porochenko la preuve que les Ukrainiens ont massivement rejeté « les années Maïdan » , du nom de la place où les manifestants se sont massés en 2014 pour contester et forcer un changement du régime en place.rien a choisi ».
L’Histoire en a fait l’ample démonstration, poursuit M. Moïsi, le peuple peut se tromper de la manière la plus radicale, comme en Allemagne en 1933. Il n’y a, bien entendu, aucune comparaison possible entre un acteur jeune et souriant, juif de surcroît, et Adolphe Hitler. Mais nous sommes entrés, avec l’élection de Zelensky, dans un monde totalement imprévisible, celui où, pour être légitime en politique, il faudra bientôt n’en avoir aucune expérience. Dans un film prémonitoire des années 1980, dont le titre en français était « Bienvenue Mister Chance », Peter Sellers incarnait un jardinier dont les aphorismes, d’une platitude totale, faisaient « la pluie et le beau temps » à Washington.
Il est bien trop tôt pour savoir ce que signifiera pour les relations entre l’Ukraine et la Russie et pour l’ensemble de l’Europe du Centre-Est, l’élection de Zelensky. Peut-être un miracle se produira-t-il, le rôle dans lequel il s’est fondu avec talent – celui d’un homme intègre, totalement dédié au bonheur du peuple – le poussant à surmonter tous les obstacles de la vie politique réelle ?, deamnde-t-il.
Le risque est grand, hélas, que cette expérience se termine mal, et s’inscrive dans un processus de délégitimation, non seulement de la démocratie comme principe, mais de l’Ukraine comme Etat souverain. Or l’équilibre européen présuppose une Ukraine indépendante de la Russie, conclut l’expert.