Le Premier ministre japonais Shinzo Abe s’est dit prêt à rencontrer le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un « sans condition » afin d’établir des relations diplomatiques entre les deux voisins aux contentieux historiques, rapporte jeudi un quotidien japonais.
Considéré comme un faucon en termes de politique étrangère, M. Abe a récemment adouci sa rhétorique vis-à-vis de Pyongyang et demandé la tenue d’une rencontre avec M. Kim pour régler notamment la querelle très sensible relative aux rapts de ressortissants japonais par des agents nord-coréens dans les années 1970 et 1980.
« Je veux rencontrer le président Kim Jong Un sans condition et parler franchement avec lui avec un esprit ouvert », a déclaré M. Abe dans un entretien donné mercredi au Sankei Shimbun.
« Il est très important pour notre pays d’être proactif dans la gestion de ce sujet », a-t-il ajouté.
« Nous ne viendrons à bout de la méfiance réciproque entre le Japon et la Corée du Nord que si je rencontre directement M. Kim », a-t-il dit. « J’espère qu’il est est un dirigeant qui peut prendre une décision stratégique et se montrer flexible au sujet de ce qui est le mieux pour sa nation. »
Le Japon est une des grandes puissances qui, historiquement, affiche une des positions les plus fermes vis-à-vis de la Corée du Nord, ce qui lui a valu en retour des tirades particulièrement agressives de Pyongyang qui n’a pas hésité, en outre, à tirer des missiles au-dessus de son territoire.
Mais le leader nord-coréen a profité depuis un an de la détente sur la péninsule coréenne pour se lancer dans une spectaculaire offensive diplomatique. Le Japon est cependant le grand absent des discussions amorcées il y a un an.
Après de nombreuses rencontres ces derniers mois avec les présidents sud-coréen Moon Jae-in, chinois Xi Jinping et américain Donald Trump, M. Kim a rencontré la semaine dernière le maître du Kremlin Vladimir Poutine à Vladivostok.
M. Abe a précisé au quotidien japonais qu’il avait demandé vendredi dernier au président américain Donald Trump de l’aider à résoudre la question des enlèvements de Japonais par des agents de Pyongyang.
Pyongyang a admis en 2002 l’enlèvement de 13 Japonais pour former ses espions à la langue et la culture japonaises. Un mois après ces aveux, cinq ont été autorisés à rentrer au Japon.
Tokyo compte au moins 17 kidnappés et soupçonne des dizaines d’autres disparitions d’être le fait des services nord-coréens.
En janvier, Shinzo Abe avait déjà proposé de « briser le carcan de la défiance mutuelle » entre son pays et la Corée du Nord, en rencontrant en tête-à-tête Kim Jong Un et en établissant des relations diplomatiques.