Les élections locales ce jeudi en Angleterre et en Irlande du Nord ont tourné au vote-sanction contre le Parti conservateur de Theresa May mais aussi contre l’opposition travailliste dans le contexte de blocage du Brexit.
Le dernier décompte de la BBC, ce vendredi matin, montre que le parti Tory a perdu 359 postes de conseillers par rapport aux précédentes élections, en 2015. Le Labour en cède 74. Dans le même temps, les Libéraux démocrates, qui s’opposent à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, en remportent 245 et les écologistes 34. Les candidats indépendants progressent de 188.
Ces chiffres portent sur plus de 40% des conseils locaux qui étaient en jeu. «Nous savions que les électeurs étaient mécontents de la manière dont les conservateurs ont géré le Brexit mais il semble qu’ils sont également mécontents de la réponse du Labour à la position du gouvernement sur le Brexit», a analysé sur la BBC John Curtice, spécialiste des élections en Grande-Bretagne. «C’est comme si les électeurs avaient dit: « Malédiction sur vos deux maisons »», a-t-il ajouté, paraphrasant Mercutio dans le Roméo et Juliette de Shakespeare.
Ces élections locales, qui ne concernaient pas le Pays de Galles et l’Ecosse, sont un rendez-vous électoral particulier aux enjeux très locaux, ne rendant compte qu’imparfaitement de l’humeur globale de l’électorat. Mais il s’agissait du premier scrutin organisé au Royaume-Uni depuis que la date prévue initialement pour le Brexit (le 29 mars) a été repoussée par deux fois, d’abord au 12 avril puis au 31 octobre. Et pour l’ensemble des commentateurs et responsables politiques, les résultats montrent clairement que les deux grands partis ont été sanctionnés alors que la procédure de divorce avec l’UE est paralysée.
Près de trois ans après le référendum du 23 juin 2016, par lequel 52% des électeurs britanniques ont décidé de sortir de l’UE, le gouvernement de Theresa May et son parlement sont toujours dans l’incapacité de dire quand, comment et même si le divorce aura lieu. Par trois fois depuis le 15 janvier, la première ministre conservatrice n’a pu faire adopter par sa majorité à la Chambre des communes l’accord de retrait qu’elle a négocié avec les Européens et que les Vingt-Sept ont entériné fin novembre. Depuis un mois, son gouvernement négocie avec le Labour de Jeremy Corbyn pour tenter de sortir de l’impasse. Mais là encore, les discussions semblent piétiner.
Les résultats définitifs de ces élections, qui portaient sur 248 conseils municipaux en Angleterre, six maires et 11 conseils en Irlande du Nord, soit au total quelque 8000 sièges municipaux, seront publiés plus tard ce vendredi.