Une place inaugurée à Paris en hommage à trois journalistes tués en Afrique

Une place «Ghislaine Dupont – Claude Verlon – Camille Lepage» a été inaugurée ce vendredi à Paris en mémoire de trois journalistes tués dans l’exercice de leur métier, leurs proches déplorant que ces crimes n’aient pas été élucidés ni punis.

«Ghislaine Dupont, Claude Verlon, Camille Lepage, nous n’oublierons pas votre sacrifice et vous passants vous aurez en tête en passant sur cette place que la liberté d’informer est bien fragile et qu’elle doit être, ardemment, chaque jour, défendue», a déclaré le maire du IIe arrondissement Jacques Boutault devant une centaine de personnes présentes à l’inauguration qui s’est tenue à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse.

Les familles et proches des journalistes ont dévoilé la plaque de cette place qui s’intitule désormais «Ghislaine Dupont – Claude Verlon – Camille Lepage. Mortes et mort pour l’information», située à l’intersection des rues d’Aboukir, du Louvre et Montmartre. Ghislaine Dupont, 57 ans, reporter à Radio France internationale (RFI) et Claude Verlon, 55 ans, ingénieur du son, ont été enlevés puis assassinés à Kidal dans le nord du Mali en 2013. Camille Lepage, 26 ans, photojournaliste indépendante, a été assassinée en 2014 alors qu’elle était en reportage dans l’ouest de la Centrafrique.

«C’est émouvant, c’est douloureux parce qu’évidemment elle n’est pas là», a confié à l’AFP Maryvonne Lepage, mère de la reporter tuée. «C’est important de ne pas les oublier et de savoir aussi pourquoi ils ne sont plus là», a déclaré devant la presse Marie-Pierre Ritleng, sœur de Claude Verlon, qui a ajouté qu’il n’y avait «rien de neuf» dans l’enquête. «A ce jour, aucun de ces crimes n’a été élucidé ni puni», a regretté Laurence Lacour, journaliste et amie de Ghislaine Dupont, déplorant le manque de «réponses» aux «demandes d’expertise ou d’actes qui ont été formulées».

Si l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon a été revendiqué par AQMI, la lumière n’a toujours pas été faite sur les circonstances précises de leur assassinat alors que deux enquêtes sont ouvertes. «On espère que le juge d’instruction va relancer une commission rogatoire pour que des enquêteurs français (aillent) sur les lieux de l’embuscade», a de son côté souhaité Maryvonne Lepage dont la fille a été assassinée dans des circonstances non élucidées.

En 2018, 80 journalistes ont été tués et 348 emprisonnés selon le bilan annuel de Reporters sans frontières (RSF). Au total, plus de 700 journalistes professionnels ont été tués ces dix dernières années, selon l’ONG.