Après le 1er mai, mobilisation en berne pour les « Gilets jaunes »

Les « gilets jaunes », nombreux dans le cortège syndical du 1er mai qui avait rassemblé entre 150.000 et 300.000 personnes, semblent beaucoup moins présents dans la rue ce samedi à l’occasion de leur acte 25, qui s’annonce comme un nouveau recul de leur mobilisation.

Depuis l’acte 22, mi-avril, les chiffres du ministère de l’Intérieur, contestés par les « gilets jaunes », montrent un fléchissement du nombre des manifestants qui battent le pavé chaque samedi.

Le week-end dernier, lors de l’acte 24, 23.600 manifestants, dont 2.600 à Paris, ont été recensés en France par les autorités. Le mouvement, démarré il y a près de six mois, comptabilisait de son côté « 60.132 manifestants minimum ».

Au-delà des rassemblements du samedi, le mouvement social entre en politique : sur les trente-trois listes validées vendredi pour les élections européennes, trois se revendiquent du mouvement des « gilets jaunes ».

Pour l’acte 25, quelques centaines de personnes maximum se disaient participantes à chacun des événements relayés sur Facebook partout en France.

A Paris, trois manifestations déclarées ont été autorisées par la préfecture.

Le principal cortège de plusieurs centaines de personnes s’est élancé à 13H00 de l’hôpital Lariboisière (Xe) en direction de la place de la Nation (XIe).

Par ailleurs, en fin de matinée, une vingtaine de « gilets jaunes » ont distribué des tracts à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle pour protester contre la privatisation d’ADP. « On est là pour demander l’annulation de cette vente. Et un référendum pour demander la renationalisation des autres biens communs, aéroports, autoroutes… tout ce qui fait notre patrimoine », a dit à l’AFP Guillaume, un Parisien de 29 ans.

Ces rassemblements ont lieu trois jours après les heurts entre manifestants et forces de l’ordre lors du 1er mai, marqué par l’irruption de plusieurs dizaines d’entre eux dans l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, après un mouvement de panique.

Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, sous le feu des critiques après avoir parlé d' »attaque », a reconnu vendredi qu’il n’aurait pas dû employer ce mot. Les 31 personnes placées en gardes à vue après cet incident et libérées depuis, tiendront une conférence de presse à 16H00 à Paris.

La préfecture de police de Paris a reconduit son arrêté d’interdiction de manifester sur les Champs-Elysées, et dans un périmètre incluant l’Assemblée Nationale, le palais de l’Elysée, et le secteur de la cathédrale Notre-Dame, touchée mi-avril par un incendie.

Le préfet Didier Lallement a également interdit deux rassemblements place de la République pour éviter la constitution de « cortèges sauvages », selon un communiqué.

Un appel inter-régional à manifester à la Roche-sur-Yon a conduit la préfecture de Vendée à interdire tout rassemblement dans le centre-ville entre 12H00 et 22H00 « face au risque de débordements et de violences ».

A 13H30, une petite centaine de personnes avaient répondu au rendez-vous devant la gare routière, selon France Bleu.

Plusieurs ronds-points, que les « gilets jaunes » ont appelé à « reprendre » ce samedi, étaient occupés par des poignées de manifestants, comme à Chateau-Thierry (Aisne) ou Castelnau-de-Médoc (Gironde).

Des « barbecues anti-Macron » doivent se tenir sur plusieurs d’entre eux, partout en France, à l’initiative du député de la France Insoumise François Ruffin, qui y projettera son film « J’veux du soleil » sur les « gilets jaunes ».

Des appels à manifester ont également été lancés dans plusieurs grandes villes de province comme Lyon, Toulouse ou Montpellier.

Dans une tribune intitulée « Gilets jaunes: Nous ne sommes pas dupes ! », publiée sur le site de Libération, des comédiennes comme Juliette Binoche ou Emmanuelle Béart, des écrivains comme Édouard Louis ou Annie Ernaux ainsi que 1.400 autres acteurs du monde de la culture ont apporté samedi leur soutien au mouvement.

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