Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a déclaré dans une interview que, faute d’autre issue, Washington n’excluait pas une éventuelle intervention militaire au Venezuela. Avec Sebastian Tapia, professeur à l’Universidad Abierta Interamericana à Buenos Aires.
Malgré l’échec de la tentative de coup d’État au Venezuela, Washington ne cesse de soutenir l’opposant Juan Guaido, «président par intérim» autoproclamé du pays, qui incite les militaires vénézuéliens et les cadres du pouvoir à Caracas à faire défection et à rejoindre son camp. En même temps, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a fait savoir lors d’une interview que le Président Trump était prêt, si nécessaire, à faire intervenir l’armée américaine au Venezuela.
«L’armée vénézuélienne a montré qu’elle avait toujours le moral haut et restait fidèle au Président Maduro. Le nombre de défections y est assez faible, contrairement à ce à quoi Guaido s’attendait lorsqu’il a appelé l’armée à changer de camp», a rappelé Sebastian Tapia, professeur de journalisme international à l’Universidad Abierta Interamericana (UAI) à Buenos Aires.
Interrogé sur une éventuelle intervention militaire des États-Unis au Venezuela, ce spécialiste de la politique latino-américaine, y compris de la révolution bolivarienne au Venezuela, a déclaré que tout y dépendrait de la politique intérieure américaine.
«Une intervention au Venezuela sera décidée en fonction de la situation politique aux États-Unis. Cela ne dépend pas de la situation au Venezuela même si elle est réchauffée en permanence par des rassemblements et la mobilisation de l’opposition. Par ailleurs, les pays voisins, comme le Brésil et la Colombie, ne sont pas prêts à intervenir. Ils ne sacrifieront pas leurs propres militaires s’il n’y a pas de défections substantielles au sein de l’armée vénézuélienne», a expliqué l’expert.
Selon ce dernier, Donald Trump «n’est soutenu par les médias que lorsqu’il se présente comme un Président fort sur le plan militaire, par exemple en lançant des missiles sur la Syrie».
«Si le Russiagate continue de menacer sa réélection, même après la publication du rapport Mueller, et qu’il ne peut obtenir aucun résultat tangible en matière de politique étrangère, tel qu’une dénucléarisation totale de la Corée du Nord ou un retrait de la Chine de la mer de Chine méridionale, alors une intervention militaire au Venezuela pourrait être possible. Après tout, les États-Unis estiment sans doute que c’est beaucoup plus facile que d’envahir l’Iran», a résumé l’interlocuteur.
Mardi 30 avril, Juan Guaido était intervenu devant ses partisans réunis à l’extérieur d’une base militaire, annonçant le début de la «fin définitive de l’usurpation» et appelant à rejoindre les manifestants dans leur lutte contre le gouvernement en place.
Nicolas Maduro a ensuite annoncé l’échec du coup d’État et a fait savoir qu’il avait ordonné d’ouvrir une enquête sur cette tentative et que plusieurs putschistes présumés étaient déjà interrogés. Il a ajouté que tous ceux qui avaient pris les armes pour renverser le pouvoir seraient retrouvés et jugés. Le chef de l’État avait précédemment indiqué que les forces armées étaient restées fidèles au pouvoir.
Les protestations se poursuivent depuis plusieurs mois au Venezuela, confronté à une grave crise économique assortie de tensions politiques. Le 23 janvier, Juan Guaido s’est proclamé Président par intérim devant une foule de partisans. Or, depuis lors, le pouvoir reste bien en place, alors que les manifestations sont devenues moins massives à travers le pays.