Birmanie : les deux journalistes de Reuters libérés

C’est un soulagement. Les deux journalistes de Reuters emprisonnés en Birmanie sur des accusations de violation de secrets d’État sont sortis mardi de la prison d’Insein, à la périphérie de Rangoun, après avoir passé plus de cinq cents jours en détention. Wa Lone, 33 ans, et Kyaw Soe Oo, 29 ans, ont été condamnés en septembre dernier à sept ans de prison pour violation de secrets d’État.

Cette affaire avait suscité des réactions indignées à travers le monde et des interrogations sur la transition que conduit depuis 2016 l’ex-figure de la lutte contre la junte militaire birmane, Aung San Suu Kyi, lauréate du prix Nobel de la paix. La libération des deux journalistes birmans intervient alors que la présidence du pays a annoncé un peu plus tôt que 6 520 prisonniers supplémentaires seraient libérés mardi en vertu de l’armistice décrété le mois dernier à l’occasion du nouvel an birman.

Des amnisties sont régulièrement annoncées en Birmanie au moment du nouvel an pour désengorger des prisons surpeuplées. Accueillis par de nombreux journalistes et sympathisants au moment où ils ont franchi les portes de la prison d’Insein, où ils étaient détenus, Wa Lone et Kyaw Soe Oo ont salué la foule, le premier exprimant sa gratitude à l’égard de la mobilisation de la communauté internationale.

« Je suis très heureux et impatient de revoir ma famille ainsi que mes collègues », a déclaré Wa Lone, faisant part de son impatience de retourner à la rédaction de l’agence Reuters. Wa Lone et Kyaw Soe Oo avaient été arrêtés en décembre 2017 alors qu’ils enquêtaient sur le massacre de dix Rohingyas (musulmans apatrides) par les forces de sécurité dans l’ouest de la Birmanie, dans le cadre d’une vaste répression militaire qui avait débuté quelques mois plus tôt. Cette enquête, complétée par des collègues et publiée en 2018 sous le titre « Massacre en Birmanie », leur a valu le mois dernier un prix Pulitzer.

« Depuis leur arrestation il y a 511 jours, ils sont devenus le symbole de l’importance de la liberté de la presse à travers le monde », a déclaré dans un communiqué le rédacteur en chef de Reuters, Stephen J. Adler.Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a été « soulagé d’apprendre la libération des journalistes de Reuters », a déclaré le porte-parole des Nations unies, qui avaient par le passé dénoncé la procédure judiciaire engagée contre les deux journalistes.

La Cour suprême du pays avait rejeté le mois dernier l’appel formé par les deux journalistes. Les épouses de Wa Lone et Kyaw Soe Oo avaient alors écrit une lettre au gouvernement birman pour lui demander de gracier les deux journalistes, non pas, ont-elles dit, parce que ceux-ci étaient innocents mais pour leur permettre de retrouver leurs familles.

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