Une juge de la Cour suprême du Brésil a donné cinq jours au président Jair Bolsonaro pour justifier son décret permettant à des millions de personnes de porter une arme dans des espaces publics, un texte que ses détracteurs jugent inconstitutionnel.
L’ordre de la juge Rosa Weber a été émis vendredi après une plainte déposée par un parti d’opposition, Réseau durable, qui a dénoncé un « abus de pouvoir » et un texte « contraire à l’esprit » à la loi sur les armes de 2003 qui en interdit le port dans l’espace public, selon la plainte transmise par la Cour aux journalistes. Le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, qui occupe ses fonctions depuis janvier et qui a promis de mater la violence endémique au Brésil, a signé cette semaine un décret permettant à une vingtaine de catégories de professions ou de personnes de porter une arme, sans avoir à en prouver la nécessité, comme les élus, les officiers de justice, les chauffeurs de poids lourds, les avocats ou même certains journalistes.
A la fin de l’an dernier, 36.700 personnes seulement avaient un port d’arme règlementaire, dont l’obtention requérait une longue procédure dans ce pays de 210 millions d’habitants. Pour expliquer ce dernier décret, Jair Bolsonaro a mis en avant le résultat d’un référendum en 2005 où près de 64 % des Brésiliens avaient rejeté une loi qui impliquait notamment l’interdiction totale de la vente d’armes à feu. Devant l’opposition suscitée par ce décret, le président brésilien a assuré vendredi qu’il cesserait d' »exister » s’il n’était « pas constitutionnel ».
Le Brésil a l’un des plus forts taux d’homicides du monde – en majorité par armes à feu -, avec 64.000 en 2017, soit trois fois le seuil de violence endémique établi par l’ONU. (Belga)