Lyon et Nantes, épicentres de l’acte 26 des « gilets jaunes »

Déclin ou sursaut ? A bientôt six mois de mobilisation, les « gilets jaunes » appellent à manifester pour la 26e fois samedi avec des points de ralliement « nationaux » à Lyon et Nantes, où les autorités redoutent la présence de casseurs.

Il y a une semaine, le ministère de l’Intérieur avait recensé moins de 19.000 manifestants – contre plus de 40.000 pour les organisateurs – soit la plus faible participation depuis le 17 novembre. Des chiffres bien inférieurs à ceux du 1er mai ou de la mobilisation des fonctionnaires jeudi.

Signe d’un essoufflement dans les rangs ? A Bordeaux par exemple, longtemps l’un des plus solides bastions, la mobilisation connaît depuis le début du printemps une lente décrue, avec des cortèges qui plafonnent généralement sous les 1.500 personnes.

Des « gilets jaunes » interrogés par l’AFP confirment la tendance mais sans renoncer.

« Nous serons à la manif de samedi avec l’appel national, logiquement ceux du nord et de l’ouest (de la France) seront à Nantes et le sud à Lyon. Après comme habituellement la répression fait peur… », anticipe Kevin O., « gilet jaune » nantais habitué d’un rond point près de l’aéroport Nantes Atlantique.

« Y a une forme de lassitude et de crainte face aux violences policières et il y a aussi le côté économique: ça coûte cher de manifester à Paris ou dans d’autres villes. On constate le même essoufflement qu’en décembre mais ça peut repartir aussi sec », assure de son côté Thierry Boirivant, comptable de 44 ans et « gilet jaune » de la périphérie lyonnaise.

Pour Anaïs, auxiliaire de puériculture âgée de 26 ans et co-organisatrice de la manifestation de Douai, la mobilisation va « stagner » d’ici les élections européennes. « On est un peu en attente », estime-t-elle, même si à titre personnel elle « ne va pas lâcher, pour le RIC, la hausse du pouvoir d’achat, la baisse des taxes pour les handicapés et retraités ».

« Pour tous ceux qui vivent sous le seuil de la pauvreté, c’est malheureux qu’il y en ait qui s’arrêtent là », renchérit Christian, 58 ans, qui manifestera dans le Nord.

Loiseau et Philippe ciblés à Strasbourg

Des « gilets jaunes » de Besançon et Marseille notamment sont attendus à Lyon, où sera aussi présent l’une des figures du mouvement, Jérôme Rodrigues. La préfecture du Rhône a élargi le périmètre d’interdiction de la manifestation à quatre zones commerçantes.

Idem à Nantes, où le préfet de Loire-Atlantique Claude d’Harcourt anticipe « le rassemblement de 500 membres de l’ultra-gauche ». « Nous aurons un niveau de forces de l’ordre inédit », a-t-il annoncé sans en préciser les effectifs.

« Je n’ai pas de restriction mentale concernant l’emploi de la force si nécessaire et évidemment la réalisation d’interpellations d’individus qui violent les lois de la République », a déclaré à ses côtés Jean-Christophe Bertrand, directeur départemental de la Sécurité publique.

Des périmètres d’interdiction seront également en place à Lille, Dijon, Toulouse ou Orléans. A Montpellier, la tendance est à la reprise des ronds-points, avec deux mobilisations prévues en matinée avant la marche de l’après-midi.

A Paris, où la manifestation partira de Jussieu « en soutien aux enseignants » pour protester contre la loi Blanquer, l’accès aux Champs-Élysées est fermé dans un périmètre comprenant le palais présidentiel et l’Assemblée nationale, ainsi que le secteur de Notre-Dame.

A Strasbourg, le groupe « Gilets Jaunes Alsace » appelle à se rassembler devant le Palais des Congrès, où la tête de liste LREM pour les européennes, Nathalie Loiseau, tient un meeting dans l’après-midi avec le Premier ministre Édouard Philippe.

Le texte de l’appel évoque un « contre-meeting » face au « parti de Macron, président des riches », qui « vient faire sa propagande ».