L’idée d’instaurer en Allemagne un impôt religieux pour les lieux de culte musulmans gagne des partisans dans le pays, où beaucoup s’inquiètent des financements étrangers provenant de Turquie ou de mouvements salafistes.
Le gouvernement de la chancelière Angela Merkel a qualifié ce que les médias appellent «l’impôt-mosquée» de «voie possible» pour financer ces lieux de culte, en le prélevant auprès de la communauté musulmane, écrit ce dimanche 12 mai l’agence France-Presse, se référant au quotidien Bild.
Il s’agirait d’une extension à la religion musulmane d’un impôt religieux qui est aujourd’hui prélevé en Allemagne auprès des chrétiens, à hauteur d’environ 8% du montant annuel de leurs impôts sur le revenu.
La communauté musulmane en Allemagne est estimée à environ cinq millions de personnes actuellement, soit 6% environ de la population totale.
Berlin estime toutefois que l’initiative devrait être prise par les länder, compétents dans le pays pour les questions liées aux cultes, est-il précisé.
Selon l’édition dominicale du quotidien Die Welt, un grand nombre de ces länder sont prêts à envisager la création d’un tel «impôt-mosquée», précise l’AFP.
Le gouvernement de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale s’est dit «globalement ouvert concernant l’option de financer les mosquées sur le modèle de ce qui existe pour les églises». Cela permettrait de réduire l’influence étrangère sur les mosquées en Allemagne et de réduire «le risque de radicalisation», a-t-il ajouté.
Le gouvernement de Bade-Wurtemberg s’est dit aussi prêt à «examiner précisément» l’idée d’un impôt musulman pour faire face au danger d’importation de courants «radicaux-islamistes et hostiles à la démocratie».
Plusieurs responsables des partis de la coalition gouvernementale s’étaient déjà dit favorables à un tel projet, notamment pour contrer l’influence de la Turquie dans le financement des mosquées en Allemagne.
La principale communauté musulmane du pays est de loin celle des Turcs ou Allemands d’origine turque.Environ 900 mosquées sont financées et gérées par l’organisation sunnite turque DITIB, considérée comme agissant sous l’autorité du gouvernement turc.
Les services de renseignement allemands examinent depuis l’année dernière la possibilité de placer ce mouvement sous leur surveillance car plusieurs de ses membres sont soupçonnés d’avoir espionné des dissidents turcs vivant en Allemagne.
Depuis l’arrivée de plusieurs centaines de milliers de demandeurs d’asile en provenance de pays arabes du Moyen-Orient, les autorités allemandes s’inquiètent aussi du risque de voir des organisations islamistes étrangères financer des lieux de culte dans le pays.