Le fabricant de biscuits et gâteaux allemand Bahlsen s’est retrouvé mardi plongé au milieu d’une vive controverse après des déclarations de sa jeune héritière minimisant les souffrances des travailleurs forcés dans l’entreprise à l’époque nazie.
« Tout cela s’est passé avant mon époque et nous avons payé les travailleurs forcés comme les Allemands, nous les avons bien traités », a déclaré Verena Bahlsen au quotidien Bild, avant d’ajouter: « Bahlsen n’a rien à se reprocher ».
Ces déclarations lundi au journal populaire ne sont pas passées inaperçues en Allemagne, d’autant qu’elles interviennent dans un contexte où la politique traditionnelle de repentance du pays à l’égard des atrocités commises sous le IIIème Reich, est remise en cause notamment par l’extrême droite.
L’une des organisations allemandes travaillant sur la question des travailleurs forcés sous le nazisme a critiqué les propos de l’héritière de 26 ans du groupe allemand et l’a invité à se rendre aux expositions qu’elle organise.
« La famille Bahlsen n’est pas la seule à faire montre d’un manque de connaissance considérable, la question du travail forcé du temps du nazisme reste une page blanche dans la mémoire collective », a-t-elle dénoncé.
Sur les réseaux sociaux, les condamnations se sont multipliées après ces propos.
Une pétition a été lancée pour appeler au boycottage des biscuits du groupe Bahlsen, qui génère un chiffre d’affaires annuel de plus de 500 millions d’euros et emploie près de 3.000 personnes. Ses promoteurs accusent l’entreprise d’avoir « tiré une partie de sa richesse des esclaves du travail nazi ».
L’entreprise fut fondée par l’arrière-grand-père de Verena Bahlsen, Hermann Bahlsen, à la fin du 19ème siècle. Durant la Deuxième guerre mondiale, elle employa environ 200 travailleurs forcés, originaires pour la plupart de territoires occupés par l’Allemagne nazie, afin de produire des rations alimentaires pour l’armée allemande sur le front.
L’hebdomadaire Der Spiegel a aussi critiqué les propos de l’héritière, qui témoignent d’un « oubli complet de l’histoire » dans une partie de la jeune génération allemande, plus de 70 ans après la fin de la Deuxième guerre mondiale.