Le bureau malgache chargé de la lutte anticorruption (Bianco) a transmis au parquet les noms de plus de la moitié des députés de l’Assemblée soupçonnés d’avoir touché des pots-de-vin, à moins de deux semaines des élections législatives.
«Après un an d’enquête et d’instruction, le dossier des 79 députés a été transmis au pôle anticorruption en début de cette semaine pour entamer la phase de poursuite des accusés», a indiqué vendredi à l’AFP une source proche du dossier. Le parquet doit désormais l’examiner et se prononcer sur l’inculpation de tout ou partie des élus mis en cause.
L’affaire avait éclaté en 2018, après le dépôt par des députés fidèles au président de l’époque, Hery Rajaonarimampianina, de projets de loi visant à réformer la loi électorale, quelques mois seulement avant le scrutin présidentiel. Ces textes avaient suscité l’ire de deux ex-présidents, Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana, qui avaient accusé le chef de l’Etat de vouloir modifier les règles du jeu en sa faveur.
L’opposition avait accusé des députés d’avoir reçu chacun 50 millions d’ariary, soit 12.500 euros, en échange de leur promesse de voter les textes, lors d’une réunion secrète dans un grand hôtel de la banlieue de la capitale Antananarivo. Le Bianco avait ensuite ouvert une enquête sur ces allégations visant les 79 députés qui ont approuvé la réforme électorale. Si ces élus, tous issus de la mouvance de Hery Rajaonarimampianina, sont inculpés puis jugés, ils risquent des peines de deux à cinq ans de prison pour avoir perçu des rémunérations injustifiées dans l’exercice de leurs fonctions. Seuls une poignée d’entre eux briguent un nouveau mandat parlementaire aux élections du 27 mai.
La haute cour constitutionnelle (HCC) avait finalement annulé une partie des lois électorales dans un climat de crise provoquée par deux mois de manifestations de l’opposition. Le président Hery Rajaonarimampianina avait été battu dès le premier tour de l’élection présidentielle organisée fin 2018 et remportée par M. Rajoelina, devant M. Ravalomanana.