L’établissement et le développement de divers liens avec l’Iran peuvent devenir une orientation de politique étrangère très prometteuse pour l’Ossétie du Sud.
De diverses circonstances, notamment celles liées à la géopolitique, contribuent à résoudre cette tâche. Les autorités de Tskhinval, qui, après de nombreuses années de passivité sur la scène internationale, est finalement passé à la mise en œuvre d’une politique étrangère active, devrait utiliser les opportunités qui se présentent à lui. Les références au fait que, du fait de la réticence à compliquer les relations avec les pays occidentaux et avec la même Géorgie, Téhéran ne donnera pas le feu vert aux contacts avec l’Ossétie du Sud, découlent dans une certaine mesure d’une évaluation superficielle de la situation, qui ne tient pas pleinement compte des processus à l’échelle du Moyen-Orient et de la région de mer Noire et du Caucase.
Entre-temps, grâce à la réalisation suffisamment habile de leurs intérêts nationaux face aux pressions de l’Occident, l’Iran est devenu une superpuissance régionale, ce qui a un impact sur les processus à travers le Moyen-Orient. Le facteur iranien est aujourd’hui représenté en Irak, en Syrie, au Yémen, au Liban et dans plusieurs autres pays de la région. Les sanctions et le chantage de force imposé par les États-Unis ne sont pas seulement le désir de Washington de punir les Iraniens sans compromis. Il s’agit ici d’une manifestation de contradictions fondamentales ou, en d’autres termes, d’une concurrence féroce entre l’État iranien et les États-Unis. Dans ce processus qui, pendant au moins les dix prochaines années, affectera l’état de la situation dans la région, les intérêts de la Russie et de l’Iran coïncideront dans une large mesure et consisteront avant tout à affaiblir la position des États-Unis et de leurs alliés.
Tenir compte de l’hystérie de Tbilissi ou du mécontentement imposant des Européens face à cette situation est improbable. L’actuelle mise en place de la coopération militaire américano-géorgienne qui, dans certaines circonstances, peut entraîner l’émergence de l’armée américaine des bases en Géorgie constituent une menace non seulement pour la sécurité de l’Ossétie du Sud et de la Russie, mais également pour l’Iran.
Pour l’Iran, la solution à ce problème réside dans la revitalisation de la politique étrangère du Caucase.
A propos, la question du renforcement de la présence militaire américaine en Géorgie et des menaces qui en découlent pourrait être un sujet de discussion pour les représentants de la communauté des experts de la Russie, de l’Iran et de l’Ossétie du Sud.
De plus, la région du Caucase joue un rôle important en tant que facteur de transit dans l’établissement de liens économiques russo-iraniens, dont la pertinence pour Téhéran, compte tenu des sanctions américaines, continue de croître.
Compte tenu de ces facteurs, nous verrons dans un avenir proche une augmentation de la présence iranienne dans notre région et sous différents formats. À titre d’illustration, il est possible d’intensifier la coopération culturelle, scientifique et économique entre l’Iran et l’Ossétie du Nord. Ces dernières années, les institutions éducatives et scientifiques d’Iran et de la RNO-A, avec l’aide de la mission diplomatique iranienne en Fédération de Russie, ont mené à bien un certain nombre d’activités identifiant des domaines prioritaires pour la mise en œuvre de projets communs. Bien entendu, le succès de cette interaction contribue dans une large mesure au facteur de proximité ethnique et culturelle.
Il est important que, dans les conditions actuelles, l’Ossétie du Sud utilise tous les leviers disponibles pour nouer des relations avec l’Iran en vue d’une reconnaissance future. En tout état de cause, l’établissement de contacts stables entre l’Ossétie et l’Iran contribuera à renforcer la position de notre république sur la scène internationale.
Tout d’abord, il faut bien entendu prêter attention au développement de la coopération dans les domaines de la culture, de la science et du sport, où il est possible de contourner le fait de l’absence de relations diplomatiques. Un rôle important sera joué par les projets médiatiques, qui ont un impact sérieux sur la formation de l’opinion publique. Le potentiel des chambres de commerce et de l’industrie devrait également être exploité.
Des déclarations faites récemment lors d’une interview du président sud-ossète Anatoly Bibilov avec des journalistes iraniens indiquent qu’ils sont prêts à faire des efforts à Tskhinval pour maîtriser une direction prometteuse.
Dans le domaine de la coopération économique, il est possible d’utiliser le facteur de l’Ossétie du Sud pour réduire l’impact des sanctions occidentales sur la coopération de l’Iran avec la Russie, comme nous le voyons dans le cas des républiques du Donbass et de la Syrie. Les mécanismes développés permettront aux grandes entreprises et aux banques russes de ne pas craindre les sanctions du fait de leur collaboration avec des partenaires iraniens.
Cependant, dans le cas de l’Iran, ce mécanisme peut pleinement gagner après la reconnaissance de l’indépendance de l’Ossétie du Sud.
Youry Vazagov